Histoire - L'Héroïne, un long métrage signé Chérif Aggoune, a été projeté, hier, en avant-première, à la salle Ibn Zeydoun (Ryad el-Feth). Produit par Cilia Productions et l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), le film revient sur la tragédie nationale, ces événements qui ont secoué la société algérienne. C'est l'histoire d'une famille algérienne qui a vécu les affres du terrorisme. C'est l'histoire de Houria – rôle campé par Samia Meziane – dont le mari est tué dans une embuscade tendue aux forces de sécurité. Suite à ce drame, elle fuit et sauve ses enfants et c'est à Alger, où elle est recueillie par sa famille, que Houria trouve refuge et doit, dans sa nouvelle vie – et ville – s'adapter avec une nouvelle réalité pour subvenir aux besoins de ses enfants. Elle est aidée par l'Organisation nationale des victimes du terrorisme à surmonter les épreuves. Dans sa nouvelle vie, Houria réussit, malgré les difficultés, à se trouver un travail. Sa passion est la photographie et elle en fait son métier. C'est alors qu'elle s'en va écumer les mariages et, de cérémonie en cérémonie, elle se plaît, malgré la douleur d'une blessure non encore cicatrisée, à garder un sourire, une certaine joie, en captant, ici et là, les moments de joie d'autrui en les immortalisant à jamais. C'est pour dire que l'espoir subsiste, qu'il ne meurt jamais. Cela démontre par ailleurs que, si besoin est, la vie continue malgré tout. Entre-temps, Houria, comme des milliers d'autres femmes algériennes, se rend fréquemment au poste de gendarmerie pour tenter de connaître la vérité. Le film ne se contente pas d'évoquer le passé, mais suit, pas à pas, les traces de Houria, cette femme courageuse, promue au rang d'héroïne, puisqu'elle a miraculeusement survécu au malheur qui l'a frappée de plein fouet. Cette femme qui, ballottée entre le commissariat et l'Association des femmes victimes du terrorisme, continue à chercher la vérité. Si le scénario ne souffre d'aucune lourdeur, il se trouve que la narration se révèle linéaire, voire plate, puisque toute l'émotion qu'a engendrée cette période des années 1990 ne ressort pas dans le jeu des acteurs. Le film en est dépourvu. Il est dépourvu de psychologie et de caractère. Seule Samia Meziane sort du lot. Elle dénote une force psychologique qui agit sur le public avec une certaine autorité tant elle émeut. Par ailleurs, l'effet musical compense les lacunes du film. En effet, la composition musicale de la bande sonore signée Safy Boutella a insufflé une âme au film. Notons que L'Héroïne n'est que le premier volet d'une trilogie qui se prépare, car traiter des thèmes relatifs à la décennie noire par le cinéma est «une sorte d'exorcisme et de lutte contre l'oubli». «Le propre du cinéma c'est, non seulement se raconter, mais aussi raconter son pays. On ne peut pas faire de cinéma sans se regarder. Il faut en parler indéfiniment et ne pas oublier», a déclaré Chérif Aggoune.