Décision - En décembre 2011, et contre toute attente, le Parlement européen a rejeté à Strasbourg un accord de pêche très controversé entre l'UE et le Maroc qui permettait aux bateaux européens de pêcher dans les eaux sous «souveraineté ou juridiction» marocaine. Le Parlement européen, auquel le traité de Lisbonne donne un droit de veto sur les traités internationaux, a rejeté le protocole d'accord par 326 voix contre, 296 pour et 58 abstentions. Ce protocole, qui prorogeait d'un an l'accord de 2006, était jugé contestable par certains eurodéputés en ce qu'il s'appliquait aux eaux du Sahara occidental, une région au statut incertain qui revendique son indépendance. Pour Jean-Paul Besset, membre de la Commission Pêche : «Rejeter cet accord de pêche constitue un triple signal positif. Nous sommes en droit d'espérer désormais mettre fin à cette situation scandaleuse d'un accord désastreux économiquement dans son rapport coût-bénéfice, écologiquement insoutenable puisqu'il contribue à surexploiter les stocks halieutiques en déclin. Cet accord est politiquement injuste dans la mesure où il sacrifie les intérêts de la population sahraouie. Cette victoire est un espoir pour les futures négociations». Le groupe des Verts s'était, pour sa part, réjoui de cette conclusion, dans un communiqué, et avait invité la Commission européenne à présenter une nouvelle proposition excluant les eaux du Sahara occidental. C'est ce qui a été considéré, par le Polisario, comme «étant une défaite juridique et politique pour le Maroc, dont les thèses expansionnistes mordent la poussière une fois encore». «C'est un message adressé à l'endroit de celui-ci pour qu'il mette un terme à sa politique d'occupation, d'annexion et de répression», avait indiqué Mohamed Sidati ministre sahraoui délégué pour l'Europe. Et de rappeler que le Sahara occidental est un problème de décolonisation, le Maroc n'exerce aucun droit de souveraineté sur le territoire. Il n'est pas la puissance administrante mais bel et bien la puissance occupante, a rappelé le diplomate sahraoui. Ce rejet conforte le peuple sahraoui dans ses revendications légitimes à la liberté et à l'autodétermination et suggère que l'Europe doit épauler effectivement l'ONU pour le parachèvement d'une solution juste, pacifique et durable du conflit du Sahara occidental, basée sur le respect et la mise en application du droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination. «Ce qui est de nature à ramener la paix, la stabilité et la sécurité pourra prévaloir pour toute la région», avait conclu Mohamed Sidati.