«C'est énorme», c'est le qualificatif employé par le président du Conseil national de déontologie médicale, en parlant de la quantité des médicaments importés et qui ont fini par se périmer. Alors que la facture de l'importation ne cesse de croître, n'est-il pas temps de revoir de fond en comble la politique du médicament ? «Il ne suffit pas d'acheter mais de mieux distribuer au bon moment et au bon endroit.» Le chiffre a été avancé ce mercredi matin par le président du Conseil national de déontologie médicale. «Ce volet devrait être pris en charge dans le dispositif de la responsabilité pharmaceutique du laboratoire fournisseur. L'Algérie ne devrait pas continuer à être un déversoir. Il s'agit aussi d'assumer ses responsabilités quant au retour et surtout à la destruction de ces mêmes produits périmés. Cela posait un problème de santé publique sachant que les quantités — de médicaments périmés — existantes dans les officines sont inférieures à celles des ménages. Au niveau des officines, à un certain moment on a parlé de 50 000 tonnes. C'est énorme», a estimé le Dr Lotfi Benbahmed qui intervenait sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale. Il a souligné dans le même contexte que la quantité a été revue à la baisse puisque le ministère de l'Environnement est venu «s'associer à l'effort de leur destruction en mettant en place des textes législatifs et en annonçant également l'agrément de sociétés spécialisées». Soulignons que cette quantité a quintuplé en l'espace de deux ans puisque en 2011, le président du Syndicat national des pharmaciens d'officines (Snapo), Messaoud Belambri, avait fait état de 10 000 tonnes de médicaments périmées. Outre les grèves cycliques faisant du malade un otage, les pénuries dans la disponibilité du médicament sont loin d'être finies. «Nos concitoyens vivent toujours ce problème d'indisponibilité de certaines marques. La situation s'est nettement améliorée, mais la problématique est toujours posée», a encore précisé le président du Conseil national de déontologie médicale. «Il ne suffit pas d'acheter – les importations de l'Algérie en produits pharmaceutiques ont atteint 255,04 millions de dollars durant les deux premiers mois de 2013 –, mais de mieux distribuer au bon moment et au bon endroit. L'Algérie ne devrait en aucun cas vivre ce problème éternellement. Des solutions existent. Il peut être réglé», a estimé le Dr Lotfi Benbahmed. «Ce que nous proposons c'est que les programmes d'importation ou de fabrication soient conformes à une autorisation de cinq ans et non pas une année car en cette courte période, il pourrait y avoir des changements», a-t-il fait remarquer. Pour ce même responsable, avec la mise en place d'une agence nationale du médicament et l'installation d'une commission chargée du médicament, «on a plus fait de la politique sur la santé que de mettre en place une véritable politique dans ce domaine». «Depuis bien longtemps, il y a eu beaucoup d'effets d'annonce qui se sont empilés et très peu de décisions ont été prises. Nous attendons depuis des années une mise à niveau de la réglementation pour la pharmacie particulièrement par la mise en place de bonnes pratiques dans la distribution et dans les importations pour les officines ainsi que pour les analyses médicales et les hôpitaux car, on ne peut occulter l'importance du médicament. Le médicament est géré par des normes dans le monde entier et si on parvient à appliquer ces mêmes normes en Algérie, nous compterons beaucoup moins de problèmes», a indiqué le Dr Lotfi Benbahmed.