La pénurie des médicaments peut être résolue par une application "stricte" du code déontologique régissant l'exercice de la profession de pharmacien, a indiqué lundi à Alger le président de l'Ordre des pharmaciens, le Dr. Lotfi Benbahmed. "Assainir le secteur du médicament et veiller à la disponibilité des produits pharmaceutiques passent par plus de rigueur dans l'application des règles de la déontologie du secteur pharmaceutique", a souligné le Dr. Benbahmed, lors d'une conférence débat organisée par le Forum du journal "DK News". Il a, dans ce contexte, déploré l'existence de certains pharmaciens, qui, a-t-il souligné, bien qu'ils ne soient pas inscrits à l'Ordre des pharmaciens, exercent dans l'illégalité grâce à la complicité de certains Directeurs de la santé publique (DSP). Le Dr. Benbahmed a soulevé, par ailleurs, le cas des vendeurs employés par les pharmacies sans être titulaires de diplômes dans la branche. "Ces derniers vendent, a-t-il déploré, des produits sans prescription médicale et qui peuvent être dangereux pour les malades". "Le médicament est devenu une valeur marchande sur laquelle les maillons de la chaîne (les intermédiaires) se font de gros bénéfices au détriment des citoyens", s'est il indigné. Pour lui, les citoyens doivent bénéficier d'une prestation de qualité au niveau d'officines pharmaceutiques gérées par un personnel qualifié. "Cela permettra de lutter contre les dérives pharmaceutiques comme le détournement de médicaments, la vente illégale de psychotropes ou de produits contrefaits", a-t-il estimé. Le Dr. Benbahmed a fait savoir, à cette occasion, qu'une étroite coopération est en cours entre l'Ordre des pharmaciens et les services de la Sûreté nationale (Police judiciaire) pour lutter contre la contre bande des médicaments. Il est important, selon lui, d'assurer une traçabilité du médicament, en responsabilisant les prestataires chargés de les délivrer, ajoutant que le médicament est un produit qui peut s'avérer dangereux et doit être, par conséquence, distribué selon de bonnes pratiques et dans le respect des normes. S'agissant des ressources humaines dans le secteur de la pharmacie, le même responsable a souligné l"'importance" de former les étudiants dans les spécialités accusant un déficit de personnel qualifié. Quant aux pharmacies des zones enclavées qui fonctionnent, jusqu'à l'heure actuelle, sans pharmaciens qualifiés, le Dr. Benbahmed a proposé d'orienter les pharmaciens "chômeurs" dans ces régions. Pour sa part, le vice président de l'Ordre des pharmaciens, M. Amir Touafek, a plaidé pour l'implication de tous les opérateurs économiques publics et privés, nationaux et internationaux, dans le développement de l'industrie pharmaceutique en Algérie. "Pour détenir 70% des parts du marché national du médicament, il est nécessaire de développer une industrie notamment par un transfert de technologies et de savoir-faire", a-t-il suggéré.