"Si on veut que les unités des multinationales du médicament installées en Algérie se développent, il faut produire plus qu'importer", a annoncé M. Lotfi Benbahmed, président de l'Ordre des pharmaciens. Lors d'une conférence débat, organisée hier, au centre de presse d'"El Moudjahid", sur la situation des officines et les problèmes relevant de la déontologie et de l'éthique, M. Lotfi Benbahmed a fait une lecture du code de la déontologie médicale en expliquant les droits et les devoirs du pharmacien et les règles qui régissent la profession. D'après lui, la concurrence débridée, que connaît le marché du médicament depuis 2005, a porté un coup sérieux à l'industrie pharmaceutique algérienne, qui n'arrive pas à trouver sa place face à l'importation de certains médicaments, qui sont produits en Algérie. Cette situation risque de rendre à néant la production nationale, ce qui rend l'Algérie complètement dépendante de l'étranger. Cependant, le président de l'Ordre des pharmaciens a appelé les autorités publiques à prendre des mesures incitatives pour attirer les investissements étrangers dans le secteur de l'industrie pharmaceutique, qu'il a qualifié de "stratégique". Pour encourager le développement des groupes étrangers déjà présents en Algérie, M. Lotfi Benbahmed estime qu'il est nécessaire d'offrir des avantages au niveau du foncier et de l'imposition, pour aider l'essor de l'industrie pharmaceutique. Il a signalé que les pays européens, qui ont délocalisé plusieurs secteurs industriels, à l'exception de l'industrie pharmaceutique, parce que c'est une industrie stratégique. En outre, le président de l'Ordre des pharmaciens, M. Lotfi Benbahmed, a évoqué certaines pratiques illégales commises par les pharmaciens, telles que la location du diplôme ou un pharmacien qui s'associe à un particulier, pour ouvrir une officine. D'après le code de la déontologie de la profession, les personnes qui ont recours à de telles pratiques risquent une amende et une peine qui peut aller jusqu'à 2ans de prison ferme. De ce fait, le président de l'Ordre des pharmaciens a annoncé qu'"il y a très peu d'inspection par ce que l'université ne forme pas de pharmaciens inspecteurs, comme il est prévu par le code déontologique". M. Lotfi Benbahmed a invité le ministère de la Santé à former des inspecteurs pharmaciens pour contrôler la distribution et la vente des médicaments. Il faut rappeler que la facture du médicament a atteint un chiffre record au 30 novembre 2007 qui s'élève à plus de 1,4 milliard de dollars, soit une augmentation de plus de 30% par rapport à l'année précédente. Les observateurs ne sont pas surpris par ce montant, car il était de l'ordre de 475,6 millions d'euros au 1er août 2007. Malgré toutes les mesures prises par le ministère de la Santé et le ministère du Travail et de la Sécurité sociale en vue de réduire cette facture, elle ne cesse d'augmenter d'année en année. L'encouragement de l'utilisation des produits génériques par les autorités et la mise en vigueur du tarif de référence depuis le 16 avril 2006, dans le cadre de la politique nationale du médicament et la rationalisation des dépenses sans toutefois porter atteinte à l'accessibilité aux soins, ne semblent pas apporter les fruits dans un marché en pleine gestation et où l'importation représente les 80% face à seulement 20% de la production nationale pour laquelle l'Etat s'est désengagé totalement.