Quarante morts est le bilan provisoire du double attentat survenu, hier, dans le sud de la Turquie. Deux voitures piégées ont explosé à Reyhanli, dans le sud de la Turquie, près de la frontière avec la Syrie, faisant au moins 41 morts et 100 blessés, les autorités turques disant soupçonner le régime de Damas. Le ministre turc de l'Intérieur, Muammer Güler, a annoncé que deux véhicules remplis d'explosifs avaient explosé vers 10H55 GMT devant la mairie et la poste de Reyhanli (province de Hatay), une localité située à huit kilomètres d'un important poste-frontière avec la Syrie. «Il y a 41 morts et une centaine de blessés, dont 29 dans un état grave», a déclaré à l'agence de presse Anatolie, M. Güler. Les précédents bilans faisaient état de 18 morts et de plus de 40 blessés. Les déflagrations étaient particulièrement puissantes et les secouristes recherchaient d'éventuelles victimes sous des décombres d'immeubles effondrés, selon Anatolie, qui mentionnait plusieurs véhicules totalement détruits par les explosions. Interrogé par des journalistes sur un éventuel lien entre ces attentats et le conflit syrien, le vice-Premier ministre et porte-parole du gouvernement, Bülent Arinç, a estimé que le régime de Damas et le président syrien Bachar al-Assad faisaient figure de suspects. «Avec leurs services de renseignement et leurs groupes armés, ils font certainement figure de suspects habituels pour la mise en œuvre et davantage encore pour l'instigation d'un plan aussi démoniaque», a déclaré M. Arinç, sur NTV, soulignant toutefois que l'enquête n'en était qu'à son commencement. Il a rappelé que les autorités turques avaient déjà imputé aux services de renseignement syrien un attentat à la voiture piégée qui avait fait 17 morts et 30 blessés le 11 février au poste-frontière de Cilvegözü, proche de Reyhanli. «Quel que soit l'instigateur ou l'exécutant, quelle que soit la force dont il dispose, nous demanderons des comptes», a souligné M. Arinç. Le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu, a quant à lui souligné la «coïncidence» entre ces attaques et une «accélération» des efforts pour résoudre la crise syrienne, avec notamment une visite prévue de M. Erdogan à Washington le 16 mai. Le ministre a par ailleurs lancé une mise en garde : «Nos forces de sécurité ont pris des mesures (...) Nous ne permettrons pas de telles provocations dans notre pays.» Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a pour sa part souligné que «toutes les unités de renseignement» étaient à pied d'oeuvre pour identifier les responsables de l'attentat. «Certains, qui ne voient pas de manière positive le vent de liberté qui souffle sur notre pays, peuvent être impliqués dans ces actions», a déclaré M. Erdogan, faisant allusion au processus de paix en cours depuis plusieurs mois entre Ankara et les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Les attentats ont provoqué la panique chez les habitants de Reyhanli et des groupes de jeunes ont commencé à prendre à partie les ressortissants syriens présents dans la ville, contraignant la police à tirer en l'air pour disperser la foule, selon NTV. R. I.