Résumé de la 2e partie - La grand-mère rassure son fils en lui disant que Gaston, le chien, saura s'occuper de Colas... «Une grand-mère et un clébard en guise de maton ! On aura tout vu. Et, si on les muselait tous les deux ?» Avant que le père ne réagisse à cette muflerie gratuite, la grand-mère et le «clébard» en question prennent, les devants. La grand-mère d'abord, sur un ton qui fait gronder le chien. «Ta chambre est au premier ! File te changer ! J'ai cinquante cageots de pêches à remplir et ça n'attend pas ! Pour un fainéant comme toi, l'après-midi n'y suffira pas.» Gaston gronde encore. Une sorte d'approbation au ton de sa maîtresse. Et si Colas hausse les épaules en montant l'escalier, le père remarque bien qu'il se retourne légèrement pour surveiller ses arrières. Alors il sourit. Il ne sait pas que la violence n'annule pas la violence, au contraire. Et il s'en va, ignorant qu'il laisse derrière lui une sorte de bombe à retardement. Comment pourrait-il s'en douter ? Sa propre mère, son propre fils ? La grand-mère a reçu la visite du maire la première semaine, puis celle des gendarmes venus contrôler la présence de Colas à son domicile et lui rappeler les conditions de sa liberté. Ils ont vu un jeune garçon renfermé, répondant par oui ou par non, le regard en dessous. Le maire a dit : «Tu ressembles à ton père. Je t'ai connu tout petit. Une fois, tu as fait démarrer mon tracteur. T'avais à peine sept ans. Ta grand-mère en a eu une de ces peurs !» Les gendarmes, eux, se sont préoccupés du travail et la grand-mère les a renseignés. «Pour l'instant, il s'occupe des fruits. Y en a pour un bon mois. Il travaille avec le fils Petit. C'est lui qui se charge du transport. Colas ne s'occupe que du ramassage et je lui apprends à calibrer. A l'automne, il donnera la main au couvreur pour la réfection de la grange. Et j'ai aussi le poulailler à refaire, sans compter les cabanes à lapins et le bois à rentrer. C'est plutôt l'hiver qui me tracasse. Enfin, on n'en est pas là.» La dernière semaine, le fils Petit, celui de la ferme voisine, a raconté chez lui qu'il avait vu arriver la «fiancée» de Colas. «Une drôle de Parisienne, avec de la peinture partout sur la figure. Elle s'est présentée sans crier gare avec une valise ! Fallait voir la tête de grand-mère ! Elle t'a flanqué ça à la porte, ça a pris cinq minutes. Et le Colas s'est fichu en rogne, il a dit que la fille coucherait là, que la vieille le veuille ou non ! Alors la vieille l'a flanqué dehors lui aussi, elle leur a dit d'aller coucher dans la grange comme des animaux.» Ils ont dormi dans la grange, en effet, le premier soir. C'était le 7 juillet. Le 8 au matin, le Petit a pu observer, en venant chercher Colas, que la grand-mère avait bouclé tous les volets. La fille, une de la ville, a traîné un moment autour du verger avec un transistor collé à l'oreille. Dans l'après-midi, à la reprise du travail, Colas est sorti de la grange l'air narquois, un peu débraillé. La grand-mère observait derrière les fenêtres de la cuisine. Le chien veillait devant la porte. Le fils Petit est rentré chez lui vers huit heures du soir, il n'avait rien vu d'autre, sauf que la maison était fermée. Et il s'est dit : Je me demande où ils vont manger, ces deux-là. La vieille n'a pas l'intention de mettre une assiette de plus ! (A suivre...)