Négligence - Dans la nuit du 15 au 16 décembre 1991, par une mer agitée, le «Salem Express», un car-ferry de 115 m appartenant à la campagne Samatour Shipping Company (Egypte) revient de Djedda (Arabie saoudite) avec une majorité de pèlerins de retour de La Mecque. La mer en cette nuit de décembre semblait pourtant navigable. Rien ne pouvait présager le cauchemar qui attendait les hadjis et les membres d'équipage de ce bijou marin. La mer Rouge était d'autant plus calme que plusieurs membres d'équipage en avaient profité pour se détendre après l'infernale journée qu'ils venaient de passer lors de l'embarquement. En effet, outre les tonnes de bagages qu'ils ont dû contrôler, embarquer et ordonner, s'occuper de personnes âgées fait partie des éléments que tout équipage craint. Dès lors, comme rien ne pouvait arriver de pire, la plupart des officiers et autres personnels de bord avaient rejoint leurs cabines. Certains pour dormir, d'autres pour se détendre autour d'un programme télé ou une partie de cartes. Certains experts diront que c'est certainement ce qui a provoqué une erreur de navigation, qui s'avérera fatale. En effet, tard dans la nuit, le «Salem Express» heurte, vraisemblablement à la suite d'un manque d'effectif, une formation de récifs coralliens proche de Hyndman Reef au sud-est de Port Safaga. Une ville égyptienne, sur la côte occidentale de la mer Rouge, située à 53 km au sud de la cité balnéaire d'Hurghada. Le choc est d'une telle violence, qu'il cause une large déchirure de la coque entraînant une ouverture de la porte avant. Aussitôt l'eau s'engouffre. Equipage et passagers dans les premières minutes ne se rendent même pas compte qu'ils allaient vivre leurs derniers instants, eux qui se croyaient à l'abri dans ce mastodonte de 1 106 tonnes. C'est d'autant invraisemblable que ce ferry est justement réputé pour la performance de sa sécurité. Pourtant en cette nuit de décembre, ce navire innovant par son système de ponts garages relevables, par ses hélices à pales orientables ainsi que par son système de ballasts permettant de s'adapter à la hauteur des quais, sombre. Le ferry coule en à peine quelques minutes. De nombreux passagers dormaient encore dans leur cabine. Le bilan humain est très lourd. On ne dénombrera que 180 survivants sur les 690 passagers estimés. Le naufrage a été si rapide que l'équipage n'a même pas eu le temps d'envoyer de messages d'alerte. Les chaloupes de sauvetage n'ont même pas été utilisées. A posteriori, le comportement de l'équipage et la désorganisation des secours ont été critiqués... Lire demain : «Egypte : ils sont partis en paix...»