Résumé de la 4e partie - Quand son patron lui présente l'infirmière, le Dr Fortier a l'impression d'être devant une étrange créature... Après son départ, le professeur Berthet me demanda ce que je pensais d'elle. A vrai dire, au moment où il me posa cette question, je ne pensais rien : j'étais un peu abasourdi par l'étrange apparition. Je me demandais même s'il était possible qu'il existât des créatures pareilles et surtout s'il était concevable que l'on pût les avoir quotidiennement autour de soi. Je fis part de mes craintes à mon ancien maître. Certes, la compétence et le dévouement de cette Marcelle Davois ne pouvaient être mis en doute, puisque lui-même – le Grand Patron – m'en répondait, mais son aspect extérieur, sans être répugnant, était tellement rébarbatif que je craignais de voir s'éloigner ma clientèle qui venait à la consultation de son médecin-ami avec confiance. La voix de cette femme était franchement désagréable. Je l'entendais déjà disant à l'un de mes malades : «Allons, dépêchez-vous de vous allonger pour que je fasse votre piqûre ! Nous n'avons pas de temps à perdre... » La première piqûre serait certainement adroite, mais le client accepterait-il que la seconde fût faite par elle ? Le seul véritable avantage d'avoir cette Marcelle Davois pour infirmière-assistante était que personne, dans notre petite ville si cancanière, ne pourrait supposer un instant qu'elle fût dans ma vie autre chose qu'une collaboratrice de travail ! Elle était sensiblement plus âgée que moi et ne pouvait pas inspirer le moindre sentiment à un homme : elle était l'incarnation type de la vieille fille dans toute sa sécheresse monstrueuse. Après avoir écouté très attentivement mes objections, mon maître me dit : - «Je vous avais prévenu que le premier contact avec cette femme vous laisserait une impression de malaise.., et j'ai tout lieu de penser que Marcelle Davois produira toujours cet effet regrettable sur ceux qui la verront pour la première fois... Il en sera ainsi avec vos clients, mais ils seront comme vous : à la deuxième ou troisième entrevue, ils changeront d'avis dès qu'ils s'apercevront que, sous ce masque d'indifférence voulue et sans doute nécessaire dans son métier, se cache une femme au dévouement incroyable, passionnée au travail, ne comptant jamais sa fatigue, restant debout pendant des heures et des nuits s'il le faut pour veiller un malade... Une collaboratrice modeste qui, a le respect absolu de l'autorité et pour qui le patron – c'est-à-dire vous, si vous vous décidez à l'engager – doit être vénéré de tous. Vous me dites avoir déjà une vaste clientèle héritée de votre père et qui vous aime ?... Il n'est pas mauvais que l'on vous craigne de temps en temps grâce à l'auréole dont vous pare, à votre insu, une tierce personne. La crainte affectueuse du diagnostic du médecin est indispensable pour que le malade suive à la lettre ses prescriptions ou ordonnances. Cette femme saura vous faire respecter et votre prénom grandira dans la région ; croyez-moi ! (A suivre...)