Tizi Ouzou Mardi 18 mai 2004. Le tribunal criminel délibère à propos d?une affaire liée à une bande de malfaiteurs qui se faisait passer pour un groupe armé? Ils sont cinq à comparaître : B. A., F. R., B. K., T. M. et B.H., cinq à devoir répondre d?actes réprimés par la loi, entre autres association de malfaiteurs, vols qualifiés, usage d?armes factices, faux barrages et déguisement en groupe armé? De robuste corpulence, les cinq prévenus n?ont pas froid aux yeux car malgré toutes les preuves qui les accablent, ils continuent à nier les faits qui leur sont reprochés, tout au long du procès. Il est à noter que devant le juge d?instruction, leur témoignage était tout autre que celui d?aujourd?hui. En voici des bribes. «A quelle date avez-vous dressé votre premier faux barrage ? ? C?était le 9 mai 2002. ? Où exactement ? ? A Boufhima, près de Draâ El-Mizan. ? Quel sorte de délit avez-vous commis ce jour-là ? ? Nous nous sommes attaqués à des automobilistes et pour cela, nous nous sommes faits passer pour des terroristes, et nous avons accaparé ainsi tous leurs biens? ? Avez-vous dressé d?autres faux barrages ? ? Quelques jours plus tard, soit le 22 mai, nous en avons dressé un autre à Tizi Ghennif. ? Selon les chefs d?accusation, vous vous êtes présentés au domicile de deux citoyens, B. H. et K. R. en vous faisant passer pour des terroristes. Vous les auriez menacés avec des armes artificielles et vous avez ensuite quitté les lieux, en emportant d?importantes sommes d?argent? ? Oui, nous avons même laissé pousser nos barbes pour faire croire que nous faisions réellement partie d?un groupe armé?» Mais voilà que le jour du procès, les cinq mis en cause reviennent sur leurs déclarations et nient en bloc les faits qui leur sont reprochés : «Nous ne nous sommes jamais déguisés en terroristes. Nous sommes innocents.» La cour ne l?entend pas de cette oreille? D?ailleurs, la cour est rationnelle, elle ne parle que preuves à l?appui. Le procureur de la République dresse un dur réquisitoire à l?encontre des accusés : «Je requiers la perpétuité car ces personnes n?ont pas hésité à traumatiser beaucoup de citoyens, leur causant des troubles psychologiques et des dégâts matériels? Ils se sont fait passer pour ce qu?ils ne sont pas et ont usé de déguisements afin de berner d?honnêtes citoyens et de les dépouiller de leurs biens. Ils méritent de finir leurs jours derrière les barreaux.» Mais la cour, après de longues délibérations, les condamne à une peine de 10 ans de prison ferme chacun.