Oran Beaucoup de contradictions dans cette affaire dont le procès s?est déroulé au tribunal criminel d?Oran, le 1er juin de cette année. Nous sommes en octobre 2002. B. N., un jeune homme originaire de Mohammadia, se promène dans les ruelles. Confiant, il ne se doute pas que trois personnes le suivent depuis une demi-heure environ? Profitant du peu de monde circulant dans le quartier Ibn-Sina, ils agressent le jeune promeneur qu?ils dépouillent d?une somme évaluée à treize millions de centimes, ainsi que d?un téléphone portable. Au lieu de déposer plainte, B. N. jure de se venger et c?est ainsi qu?après avoir mené sa petite enquête et identifié A. R., l?un de ses agresseurs, ainsi que son adresse, il se rend chez lui accompagné de huit personnes, dont B. F., le principal complice dans cette affaire. Armée de couteaux, la bande, avide de vengeance, tambourine à la porte de A. R. Le jeune frère de ce dernier ouvre et leur certifie que A. R. est absent? Menaçants, B. N. et B. F. ordonnent alors au jeune Abdelkader de monter à bord de leur véhicule. Un peu plus tard, ils contactent A. R. et lui affirment que s?il ne restitue pas argent et portable, il pourrait arriver de graves ennuis à son jeune frère? «Nous t?attendons à la cité Yaghmoracen. Tu as intérêt à te pointer avec les objets volés si tu veux qu?on libère ton frère.» A. R. a, fort heureusement, la bonne idée d?alerter les services de sécurité qui, à leur tour, procèdent à l?arrestation des deux mis en cause. Abdelkader est libéré et comparaît devant le juge d?instruction. «B. N. et B. F. ont été odieux. Après m?avoir ordonné de les suivre, ils m?ont emmené dans un coin isolé et ils m?ont roué de coups après m?avoir ligoté? C?était terrible !» Mais voilà qu?une année plus tard, Abdelkader revient sur ses déclarations : «Je n?ai pas été kidnappé? A. R., mon frère, m?a obligé à mentir. Il a monté cette histoire de toutes pièces. Ce jour-là, le hasard a voulu que je sois en compagnie de B. N. et B. F.» C?est ce qu?il dira encore le jour du procès. Appelés à comparaître, les deux mis en cause font la même déclaration : «Abdelkader est venu avec nous à la cité de son propre gré, pourquoi l?aurions-nous kidnappé ? C?est A. R. qui m?a volé mon argent et mon portable et non son jeune et innocent frère.» Des témoins oculaires affirment cependant avoir bel et bien vu B. N. et B. F. menacer le jeune Abdelkader à l?aide d?armes blanches et l?obliger à monter à bord d?une Clio ! Alors que le représentant du ministère public requiert la perpétuité à l?encontre des deux principaux accusés, les avocats de la défense, outrés, demandent leur relaxe pure et simple : «Nos clients sont innocents? Aucune preuve ne les accuse directement de kidnapping sur la personne de Abdelkader qui, du reste, les innocente et revient sur ses premières déclarations.» La cour se retire afin de délibérer pour rendre son verdict : cinq ans de prison à l?encontre de B. N. et B. F. Une question cependant demeure posée : y a-t-il eu réellement kidnapping ?