Victimes - Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki, a annoncé, hier, lundi, un changement imminent de sa politique sécuritaire, au moment où le pays est secoué par une nouvelle vague d'attaques qui a fait près d'une centaine de morts depuis dimanche soir. «Nous sommes sur le point de remplacer certaines personnes chargées de la sécurité, à haut niveau et à un niveau intermédiaire, et de changer de stratégie sécuritaire», a martelé M. Maliki lors d'une conférence de presse, en annonçant que des «décisions» seraient prises en ce sens, aujourd'hui, lors du conseil des ministres. Fustigé par la minorité sunnite, qui lui reproche de la stigmatiser, et par certains partenaires de sa coalition, il a voulu donner l'image d'un gouvernement uni. Flanqué de pointures de son gouvernement, dont les ministres de la Défense et de la Justice mais aussi de deux vice-Premiers ministres, M. Maliki a assuré «au peuple irakien que (les insurgés) ne seront pas en mesure de nous replonger dans le conflit confessionnel» des sombres années 2006-2007. A l'époque, le nombre de victimes des violences dépassait le millier chaque mois. Ces dernières semaines, le pays connaît une flambée de violences doublée d'une profonde crise politique. Ce matin, huit personnes, dont trois soldats, ont été tuées dans des violences, au lendemain de la vague d'attaques d'hier qui a fait 64 morts. A Tarmiya, à 45 km au nord de Bagdad, un kamikaze s'est fait exploser au cours de heurts entre l'armée et des hommes armés. Trois soldats sont morts et sept autres ont été blessés. A Touz Khourmatou, une ville située à 175 km au nord de Bagdad, trois personnes ont péri et 44 autres ont été blessées dans l'explosion de deux voitures piégées dans un quartier à majorité turcomane. Plus au nord, à Kirkouk, deux bombes ont tué deux vendeurs de moutons sur un marché dans l'est de la ville. Au moins 25 personnes ont été blessées. Tant Touz Khourmatou que Kirkouk font partie d'une bande de territoire que revendiquent la région autonome du Kurdistan irakien et le gouvernement fédéral de Bagdad. Ces nouvelles attaques, qui n'ont pas été revendiquées, surviennent au lendemain d'un accès de violences qui a visé en majorité les chiites. Hier, à l'heure de la prière du soir, onze personnes ont été tuées et 71 blessées, dans des attentats visant deux mosquées chiites à Hilla, à 95 km au sud de Bagdad. Une bombe a explosé à l'intérieur de la mosquée Al-Wardiya, tandis que, non loin de là, un kamikaze s'est fait exploser à l'intérieur de la mosquée Al-Graita. Les mosquées, aussi bien sunnites que chiites, sont de plus en plus fréquemment visées par des attentats depuis le début de l'année. Vendredi, deux bombes ont ainsi explosé près d'une mosquée sunnite à Baqouba, dans la province instable de Diyala, au nord de Bagdad, tuant 41 personnes. Deux jours plus tard, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a appelé à des prières conjointes sunnites-chiites. «Ceux qui visent les mosquées sont les ennemis des sunnites comme des chiites, et cherchent à enflammer le conflit» confessionnel, a-t-il estimé dans un communiqué.