Les manifestations en Irak contre le Premier ministre, Nouri Al-Maliki, se poursuivent sans relâche, depuis plus d'un mois. Lors de leur dernière sortie, les participants, essentiellement des sunnites, ont exigé ouvertement la démission de ce responsable, chiite de confession. Ils l'accusent de stigmatiser leur communauté depuis l'arrestation, le 20 décembre dernier, des gardes du corps du ministre des Finances, Rifaa al-Issawi, un sunnite. Parmi leurs exigences : le respect des droits, la libération des prisonniers et l'abrogation de lois antiterroristes utilisées, selon eux, à leur encontre par les chiites, depuis la chute de l'ancien président, Saddam Hussein. Devant la sourde oreille du gouvernement qui n'accepte de libérer que certains prisonniers, des femmes, notamment, les manifestants deviennent à chaque fois plus nombreux. Vendredi, ils ont tenu des rassemblements à Bagdad, Samara, Mossoul, dans le nord de l'Irak, ainsi qu'à Anbar, des lieux où ils sont majoritaires. Dans la mosquée Najib Bacha du quartier d'Al-Sleikh, dans le nord de Bagdad, environ 400 fidèles se sont réunis autour des mots d'ordre « L'injustice, ça suffit ! » et « Le peuple exige le respect de ses droits ». A Samara, une grande manifestation a eu lieu sur la place Al-Haq, où plusieurs milliers de tribus sunnites ont installé un campement. Des banderoles ont été brandies appelant Al-Maliki à démissionner « sans négociations » pour ne pas « avoir tenu ses promesses ». Parallèlement à cette revendication, il y a la vague de violence confessionnelle. Des dizaines de personnes ont péri, jeudi dernier. L'attaque la plus meurtrière s'est produite à Doujaïl, à 60 km au nord de Bagdad. Une voiture piégée a explosé à proximité d'une mosquée, tuant 11 personnes et blessant 72 autres. 7 autres personnes ont péri dans un attentat près d'un stade de football à Hilla. D'autres attaques ont ensanglanté la capitale irakienne, ainsi que Hawija, Kerbala, Touz Khourmatou et Mossoul, faisant au total 11 morts et 30 blessés. Des chiites sortent, eux aussi, depuis quelque temps pour soutenir le Premier ministre qui n'est pourtant plus en situation de compromis avec les Kurdes.