Situation - Au moins 128 personnes ont été tuées en deux jours de violences en Irak, la plupart dans des troubles liés aux manifestations de sunnites contre le Premier ministre chiite Nouri al-Maliki, alors que des combattants ont pris le contrôle d'une ville. Les heurts les plus meurtriers, hier mercredi, se sont produits à Souleimane Bek, au nord de Bagdad, où cinq soldats et sept hommes armés ont été tués, selon un officier. Un député a fait état de dizaines de blessés dans des raids aériens sur cette zone, un officier confirmant que l'armée avait eu recours à des hélicoptères. Des responsables ont ensuite rapporté que des hommes armés avaient pris le contrôle de Souleimane Bek après des affrontements sanglants avec les forces de sécurité. Selon un responsable de l'administration locale, et un membre du Conseil provincial de Salaheddine dont dépend Souleimane Bek, une route stratégique reliant Bagdad à Touz Khourmatou, au nord de Souleimane Bek, a été coupée. Dans la soirée, au moins sept personnes ont été tuées et 23 blessées dans un attentat à la voiture piégée sur un marché de l'est de Bagdad. Des hommes armés ont également attaqué un point de contrôle tenu par des miliciens du groupe des Sahwa, hostile au réseau Al-Qaîda, au nord-est de Bagdad, en tuant quatre personnes. A Fallouja, à l'ouest de Bagdad, un obus a visé la maison d'un membre du conseil provincial blessant un homme et deux enfants, le responsable étant sorti indemne. Les violences avaient débuté mardi à Houweijah (nord), lorsque la police est intervenue sur les lieux d'un rassemblement qui se tient depuis quatre mois pour protester contre la politique de M. Maliki. Des accrochages ont alors éclaté entre manifestants et troupes anti-émeutes suivies d'attaques de représailles contre les forces de sécurité dans plusieurs régions. Durant les deux jours, 269 personnes au moins ont été blessées, dont 195 dans des affrontements liés aux manifestations, selon des sources policières et médicales. Ces violences sont les plus sanglantes depuis le début des manifestations anti-Maliki en décembre dans les provinces majoritairement sunnites du Nord. Cela s'ajoute à plus d'un an de crise politique -les détracteurs de M. Maliki au sein de la coalition gouvernementale l'accusant d'accaparer le pouvoir- et aux attentats lancés par les groupes extrémistes sunnites, dont la branche irakienne d'Al-Qaîda, contre les symboles de l'Etat ou la communauté chiite. Après les violences de mardi, deux ministres sunnites ont démissionné, portant à quatre le nombre de ministres de cette confession à avoir quitté la Coalition depuis le 1er mars. Face à cela, deux dignitaires religieux qui dirigent respectivement des fondations sunnite et chiite, ont mis en garde contre un conflit confessionnel et appelé les factions politiques à se réunir, demain vendredi, pour mettre fin à la violence. D'autant que lors des funérailles de 34 des victimes à Kirkouk (nord), des centaines de personnes ont promis de «venger les martyrs de Houweijah».