Stratège Le président du Mouloudia d?Alger, Mohamed Messaoudi, a tenu une conférence de presse, jeudi dernier au siège du club à Chéraga, au cours de laquelle il a annoncé la démission «à blanc» de son bureau. Le docteur Messaoudi est-il en passe de devenir un véritable stratège de la gestion d?un club aussi problématique que le Mouloudia d?Alger qui, même lorsque ça va bien ça va mal ? Sa prestation de jeudi a été un modèle du genre ne laissant rien au hasard. Le boss mouloudéen débarque dans la salle de réunion, où l?attendait un parterre de journalistes, muni d?une tonne de documents. Pour chaque thème, même le plus banal, Messaoudi avait ficelé un dossier. Des finances du club à la domiciliation de l?équipe senior, en passant par les résultats techniques, l?opposition ou l?assemblée générale, tout était soigneusement préparé dans une chemise. Rien n?a été laissé au hasard. En outre, le docteur s?est révélé un véritable marathonien monopolisant le crachoir trois heures durant, répondant à toutes les questions des journalistes toujours nombreux lorsqu?il s?agit du Doyen. Surtout en ce moment où tout le monde s?excite à l?approche de l?assemblée générale de l?association El-Mouloudia, qui coïncide avec le retrait définitif de Rachid Marif (ex-membre fondateur et membre influent de cette association). Dans un long et terrible réquisitoire, le président du Doyen s?est appuyé sur les résultats sportifs de son équipe (4e place ex æquo avec l?ES Sétif), la bonne santé financière et les grands acquis du club pour tirer à boulets rouges sur tout ce qui bouge sur le front de l?opposition. Tissant habilement sa toile, le docteur Messaoudi a exhibé une série de documents portant sur les projets d?avenir du club (accord-cadre, réorganisation de la section football, sponsors, stade de Bouzaréah, centre de formation?). Comme il a laissé entendre qu?une quinzaine de joueurs internationaux et de gros partenaires financiers étaient sur le point de s?engager avec le MCA. Le président expliquera dans les détails le départ de Marif, qu?il regrette évidemment, avant d?annoncer sa démission et celle de son bureau qui interviendra à l?issue de l?assemblée générale ordinaire de la section football, au cours de laquelle il présentera les bilans moral et financier du club. A analyser le cheminement emprunté par Messaoudi, il est clair que ce dernier n?est pas dupe de laisser une bonne table bien garnie pour que des opposants, traités d?aventuriers et d?illégaux, viennent se servir à leur guise. Ceux qui, crédules, pensent que Messaoudi est partant, se mettent le doigt dans l??il. Le «je démissionne, mais?» n?est qu?une tactique pour mettre la pression sur les membres de l?AG qui seront, de nouveau, face à leurs responsabilités : soit laisser la même équipe poursuivre l??uvre qu?elle a commencée voilà trois ans (depuis la signature du protocole d?accord avec Sonatrach), soit bien prendre le risque de remettre les rênes à d?autres gestionnaires qui se présenteront sans véritables garanties quant à assurer une stabilité et une viabilité du club. Quand bien même il existerait des dissidents au sein même de l?association El-Mouloudia, le choix de la reconduction de l?équipe Messaoudi serait inéluctable. D?autant que les représentants de l?AAF (Association des anciens footballeurs), une association non agréée, seront éliminés d?office de l?AG. Marif étant parti officiellement, ses détracteurs ne trouveront plus personne à qui s?accrocher. Et chaque dérive sera payée cash. Pour sa part, le chef du protocole de la présidence pourra aider le club dans la discrétion la plus totale, tout en évitant d?associer son nom à la gestion de celui-ci.