Rencontre - L'Union européenne et la Russie se retrouveront aujourd'hui pour un sommet qui sera assombri par la levée de l'embargo européen sur les armes à destination des rebelles syriens et les tentatives de Bruxelles de réduire l'emprise de Moscou sur ses livraisons de gaz. Le chef de l'Etat russe, Vladimir Poutine, reçoit jusqu'à mardi le président du Conseil de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, et le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, à Ekaterinbourg, une ville industrielle de l'Oural, à 1500 km à l'est de Moscou. Peu de progrès sont toutefois attendus de ces discussions, selon les analystes. «Actuellement, nos relations avec l'Europe sont les pires de toute la période post-soviétique», a observé Maria Lipman, du Centre Carnegie à Moscou. «Cela se fera sentir lors du sommet et il sera dur de faire des progrès dans les sujets à l'ordre du jour», a-t-elle ajouté. Les relations entre Moscou et Bruxelles n'ont pas toujours été très chaleureuses depuis l'arrivée au pouvoir en 2000 de M. Poutine, bien décidé à accroître l'influence de la Russie et à ignorer les critiques occidentales à son encontre. Mais avec le conflit syrien, les rapports se sont détériorés comme jamais auparavant. «La Syrie sera un des sujets prioritaires pendant les négociations», a déclaré l'ambassadeur russe auprès de l'Union européenne, Vladimir Tchijov, à l'approche du sommet. Il a estimé que la décision de l'UE de lever son embargo sur les armes à destination de l'opposition signalait «directement» aux rebelles que tout ce qu'ils avaient à faire était «d'attendre un peu, et les armes commenceront à affluer». Le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, est allé plus loin, suggérant que cette initiative déliait les mains de Moscou pour ses propres livraisons d'armes au régime de Damas. «Toute décision est à double tranchant. Si une des parties lève les restrictions, alors l'autre peut considérer qu'elle n'est plus tenue d'observer les obligations prises auparavant», a déclaré le ministre. Selon les analystes, Moscou et Bruxelles pourraient toutefois essayer d'aplanir leurs différends en publiant un communiqué de soutien à la conférence de paix dite «Genève-2» initiée par les Etats-Unis et la Russie pour tenter de trouver une solution politique au conflit. L'autre sujet de friction sera l'emprise du géant russe Gazprom sur le marché européen du gaz, que Bruxelles tente de contrer. «Tant que la question des nouvelles règles en ce qui concerne le gaz ne sera pas résolue, il n'y aura pas de nouvel accord Russie-UE», a pronostiqué Olga Potemkina, de l'Institut de l'Europe à l'Académie russe des sciences.