Le mythe du bac a la peau dure. On a beau dire, cette épreuve reste une source majeure d'angoisse autant pour les parents que pour le candidat lui-même à l'approche de la date fatidique. L'examen du baccalauréat a fini par devenir une sorte de rite qui ouvre au jeune lycéen les portes d'une vie nouvelle à venir. Mais est-ce qu'il remplit réellement toujours cette fonction ? En d'autres termes, le bac sert-il encore à quelque chose ? Jadis, véritable «institution», aujourd'hui soumis aux aléas de petits calculs, de politique politicienne, au point que le curieux concept de «taux politique» s'est imposé pour expliquer le décalage entre les performances traduites dans les pourcentages proclamés et l'état dans lequel se trouve notre système éducatif. On a même parlé l'an dernier de résultats adaptés à la circonstance du cinquantenaire de l'indépendance, pour montrer la réussite de l'Ecole algérienne et la pertinence des réformes qui y ont été introduites. En fait, il semble bien que depuis 1999, le baccalauréat n'est guère plus qu'un morceau de papier sans aucune valeur scientifique réelle. Preuve en est le classement peu honorable des universités algériennes dans le monde, alors qu'il y a 25 ans, le diplôme algérien valait largement celui des grandes Ecoles occidentales. Dans deux semaines, les résultats seront affichés et des pourcentages annoncés. Encore une fois, les considérations politiques vont peser, car il faut faire croire que les réformes initiées ont porté leurs fruits et que c'est la bonne voie. De mauvais résultats entraîneraient, en effet, la recherche des causes et elles seraient rapidement trouvées, entre autres, dans le bricolage de programmes dont même Pavlov se serait passé dans ses expériences (on fait de nos enfants des animaux de laboratoire, des cobayes), dans la mainmise insidieuse des islamistes sur l'école (programmes parallèles, endoctrinement), dans la mauvaise formation des enseignants avec son engrenage, car si l'école ne forme pas à la base, qui formera les formateurs dans les paliers supérieurs ? Faut-il ajouter la négligence des matières essentielles, c'est-à-dire les sciences humaines qui structurent la pensée (langues, philosophie, histoire, etc.), au profit des matières techniques (mathématiques, physique, etc.). Dans un pays où étudier l'histoire fait honte, on ne peut pas espérer grand-chose d'un système éducatif obsolète. Ce n'est pas l'école qu'il faut réformer, ce sont les mentalités qu'il faut révolutionner. Enfin, de quoi je me mêle? Khelli l'bir beghtah.