De mon temps, les études étaient très simples. Le bac en poche, on s'inscrivait dans la filière de son choix et on suivait alors le cursus classique basé sur le système semestriel. De plus, le niveau était très élevé et l'université d'alors avait un véritable rayonnement. C'est que la configuration de l'université de ces années-là était complètement différente de celle d'aujourd'hui où on se targue d'avoir un million d'étudiants, comme si le nombre était à lui seul révélateur des progrès réalisés dans le domaine. Cette «politique» du chiffre est propre à toute la gouvernance nationale prompte à étaler des pourcentages éloquents pour dire l'objectif atteint. N'est-ce pas le ministre de l'Education nationale lui-même qui a eu cette déclaration lourde de sens : «Nous avons gagné la bataille de la quantité, maintenant il faut remporter celle de la qualité.» Un aveu d'échec qui signifie tout simplement que l'école algérienne ne dispense pas la qualité requise indispensable à tout apprenant. La relation clairement définie entre l'école et l'université, la première fournissant la seconde, il est donc aisé de constater que la qualité n'est pas non plus au rendez-vous au palier supérieur. La dégradation de la situation est telle que les grèves succèdent aux grèves depuis longtemps déjà. En réalité, cette histoire de LMD, d'ancien et de nouveau systèmes qui se chevauchent ont créé bien des conflits inhérents à la reconnaissance des diplômes. Mais c'est là un prétexte pour qualifier la profonde déshérence dans laquelle s'est installée durablement l'université. Le malaise est plus ancien et plus profond qu'une simple équivalence de diplômes. En réalité, chaque responsable qui se voit confier l'enseignement supérieur, se croit investi de la mission de lui imprimer sa marque personnelle et, à peine installé, il y va aussitôt de sa réforme. Or précisément, la philosophie même de l'université, c'est de fournir l'élite censée diriger les grands projets nationaux, toutes spécialités confondues. De notre l'époque, on disait «l'université ouverte aux réalités nationales», et ce n'était pas qu'un mot d'ordre, dans la pratique, toutes les filières avaient leurs sorties régulières sur le terrain : de l'économie où les cours se complétaient dans les usines et autres entreprises publiques, à la psychologie avec les stages pratiques dans des institutions spécialisées, en passant par toutes les autres filières. En outre, la gestion même de l'université ne faisait pas l'objet d'un monopole dévolu au seul rectorat comme cela a cours aujourd'hui. L'université d'aujourd'hui est de plus en plus éloignée des préoccupations nationales au point que chaque année, des milliers de diplômés viennent grossir les rangs des chômeurs. Les chiffres, voilà une facette de la réalité universitaire : le pari de la quantité est largement remporté. Reste celui de la qualité, et ce n'est pas demain la veille ! Enfin, de quoi je me mêle ? Khelli l'bir beghtah.