Société - Harraga blues est un film dont le thème principal traite un phénomène tragique qui prend de l'ampleur notamment chez les jeunes, celui de l'immigration clandestine. Après Harragas de Merzak Allouache, sorti en 2010, voilà qu'un autre film est réalisé pour dire cette tragédie dont est victime la jeunesse algérienne. Ce nouveau film est signé Moussa Haddad – signataire également des Vacances de l'inspecteur Tahar, de Hassan Taxi et Made in Algeria – est sorti en 2012. Projeté, hier, en avant-première nationale, à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-feth), le film, d'une durée de 110 minutes, raconte l'histoire de toute une jeunesse, abandonnée, livrée à elle-même et qui, chaque jour, aspire à une vie meilleure. Cette jeunesse, incarnée par Zine et Rayane, rêve de gagner, coûte que coûte, même au péril de sa vie, l'Espagne. Cette jeunesse défavorisée, souffrant d'un mal-être, d'un profond malaise social et du mal du siècle, c'est-à-dire une génération née trop tôt pour profiter des meilleures conditions de vie, caresse alors ce rêve – mirifique – de gagner la rive nord de la Méditerranée en quête d'un nouvel eEldorado. Pour des raisons financières, Zine (Karim Hamzaoui) et Rayane (Zakaria Ramdane) ne partent pas ensemble, et c'est Zine qui, le premier, tente la traversée vers l'Espagne. Rayane, lui, préfère partir à la recherche de l'argent nécessaire à son voyage. Zine dont l'entreprise échoue revient et tente de convaincre son ami de ne pas mener l'aventure. Le film, outre une histoire d'amitié entre Zine et Rayane, est aussi une histoire d'amour entre Zine et Zola, cet amour qui va pousser Zine à changer d'avis puisqu'il va revenir sur la décision de tenter l'impossible, voire risquer sa vie dans l'inconnu. Moussa Haddad s'adresse dans ce film, dont le scénario a été coécrit avec sa femme Amina, productrice du film, à la jeunesse. Il appréhende le drame des «harragas» d'un autre point de vue, c'est-à-dire qu'il propose une vue sur l'Algérie moderne d'aujourd'hui, et, selon ses propos, «une Algérie vibrante, écartée, tonitruante et universelle». Harraga Blues, un film d'aujourd'hui, s'adressant aux jeunes, cherche à décortiquer le phénomène de la «harga», et à travers lequel c'est toute la jeunesse algérienne, avec ses rêves et ses désillusions, qui est dite. Ce drame est abordé d'une façon telle que l'intensité émotionnelle en est ressortie. Harraga Blues, dont la sortie nationale dans les salles est prévue pour le 17 juin, est une coproduction de Moussa Haddad Prod (MHP) et l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), avec le soutien du ministère de la Culture (FDATIC). La bande originale de Harraga blues a été composée par le soliste Lotfi Attar du groupe culte «Raïna Raï» assisté par le groupe du gnawi-rock «Caméléon». Le casting, quant à lui, compte des noms connus du cinéma algérien, à l'image de Kaci Tizi Ouzou, Bahia Rachedi, Arslan, Mohamed Adjaïmi et Hacen Benzerari.