«Je veux faire un film de jeunes avec des histoires d'amour, de bagarres, comme ce que veulent voir les jeunes dans leur quête du cinéma américain», affirme l'auteur de Made in. Après plus d'une décennie de traversée du désert, Le réalisateur du mythique Inspecteur Tahar revient au devant de la scène en ce début de l'année 2011 et retrouve enfin les plateaux de tournage. Cette fois, avec une nouvelle production qui promet de faire bouger les jeunes, au sens large du terme. C'est l'histoire de deux jeunes amis qui rêvent de partir en Europe, s'exiler, fuir. Harraga Blues est le titre de ce nouveau long métrage dont le premier tour de manivelle a été donné samedi après-midi au Palais de la culture, en présence de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, la chef de cabinet, Zhira Yahi et des invités relevant du monde du 7e art. L'histoire est celle de deux jeunes amis algériens qui rêvent de l'eldorado. Pour des raisons financières, ils ne pourront pas partir ensemble, l'un, Zine, tente la traversée vers l'Espagne. Quant au second, Rayan, il va réussir à convaincre son oncle de lui avancer la somme qui servira à payer son «passe mer», en lui faisant croire qu'il voudrait investir dans un projet. Pour cela, il se rend à Annaba où réside celui-ci. Au cours de ce trajet, Rayan va vivre des aventures qui vont le révéler à lui-même et le faire pénétrer dans l'âme de l'Algérie profonde...Pour Zine, c'est l'échec! Il sera sauvé, in extremis, par les gardes-côtes, et reviendra choqué par la tournure tragique qu'a pris son périple. Réussira-t-il à convaincre Rayan d'abandonner son projet de harga, si près du but? «A vrai dire, leur vision illusoire de l'idéal est obsessionnelle, et tient surtout au fait qu'ils ont pour référence de cet eldorado: les films occidentaux, et surtout américains, qu'ils visionnent par le biais des milliers de DVD qui passent entre leurs mains», explique Moussa Haddad. C'est ce que rapporte le réalisateur dans le synopsis du film, coécrit avec Amina Bedjaoui Haddad, productrice aussi du film. Harraga Blues est un long métrage fiction, qui se veut être une vue incomparable sur l'Algérie moderne, celle d'aujourd'hui. «Une Algérie vibrante, écartelée, tonitruante et universelle» estime le réalisateur de Made In (1999). D'ailleurs, clin d'oeil à ce film musical, l'une de ses comédiennes principales (la blonde) fera partie de l'aventure de Harraga Blues. Rencontré au Palais de la culture, Zakaria Ramdane, alias Rayane est un jeune acteur en herbe. Il se présente à nous. «Je joue le rôle d'un jeune Algérien qui a la motivation de partir pour trouver mieux ailleurs. J'ai adhéré directement à ce scénario parce qu'il parle de la réalité de la jeunesse algérienne. Le scénario développe un sujet assez important. D'actualité. J'ai déjà joué en France dans des sit coms et feuilletons télé à l'instar de Sous le soleil, où j'ai eu quelques figurations et second rôle. J'ai fait l'école du Louvre à Paris. J'ai travaillé aussi comme cascadeur dans Taxi 1 et avec plein de cinéastes français, comme Luc Besson. Je figure aussi dans le book des Guinness dans la catégorie arts martiaux. Le responsable du casting m'a contacté. Je suis venu d'Oran immédiatement, j'ai rencontré Moussa Haddad et le courant est vite passé». En plus des trois nouveaux visages qui incarneront les personnages principaux, à savoir Zine, Rayane et Zola (la petite amie de Zine), des noms connus du cinéma et de la Télévision algériens, à l'instar de Kaci Tizi Ouzou, qui revient au grand écran après une absence de 3 ans, ainsi que Bahia Rachedi, Ahmed Benaïssa, Arslan, Mohamed Adjaïmi et Hacen Benzerari figurent au casting. Le montage financier du film est en cours d'élaboration avec une participation initiale du Fdatic estimée à 20 millions de dinars en attendant d'autres sponsors. Le budget global s'élevant à 60 millions de dinars. Selon Moussa Haddad, cette nouvelle version du film Harraga Blues se veut être un film d'aujourd'hui qui s'adresse aux jeunes, et qui doit nécessaireme les faire vibrer en tant que cinéma sincère et respectueux de leurs attentes. «C'est aussi un film qui aspire à séduire le public avec une histoire bien de chez nous, sous l'angle d'un film d'action, à caractère «publicitaire» pour dire que l'eldorado, pour qui sait bien le voir, n'est pas forcément de l'autre côté de la mer». Et de préciser:«En fait, le vrai scénario de Harraga Blues est clandestin. Le message réel que propose ce film en direction des jeunes, est basé sur le principe de persuasion clandestine, qui agit sur le mental du jeune spectateur en le valorisant, sans l'accabler d'un discours moralisateur. Pour ce faire, j'ai opté pour un principe fondamental, qui réside dans l'innovation sur le plan de la forme artistique. Je n'hésiterai donc pas à m'inspirer de toutes les formes de l'art universel pour donner du punch à ce film, tout en privilégiant un traitement artistique qui puisera sa force dans la puissance culturelle nationale. Harraga blues n'a d'autre aspiration, que celle d'aider les jeunes à s'évader...juste le temps d'une projection!». Le début du tournage du film en HD est prévu pour mars et nécessitera huit à dix semaines entre Alger, Béjaïa et Oran.