Résumé de la 40e partie - Marcelle décide de tout faire pour éloigner Christiane du docteur... Pourquoi je n'ai pas encore déchaîné cette passion aveugle que j'attendais depuis si longtemps chez un homme sans même m'en rendre compte. Elle a eu trop de chance, ta Christiane : un mari qu'elle n'aimait pas et qui lui a laissé une fortune... un fiancé qu'elle a aimé depuis son enfance et dont elle a réussi à faire son amant... C'est beaucoup trop pour une même femme qui ne mérite rien ! Et il n'y a pas qu'elle à être dans ce cas : la belle Mme Boitard est mariée, elle aussi, à un riche notaire, tout en étant la maîtresse du lieutenant des Eaux et Forêts ! Un homme jeune qui est très bien de sa personne, lui aussi... Est-ce juste que toutes les femmes inutiles aient tant de chance alors que moi, qui ai mis mon intelligence au service de l'humanité, je n'ai rien ? Cela doit changer. — Tout à l'heure, je me suis regardée entièrement nue devant la glace. Je ne l'avais pas fait depuis des années : mon corps ne m'avait guère intéressée. Je viens de le contempler... Je l'ai détaillé comme ces filles qui font un métier de l'amour... Mes proportions sont bonnes, mes jambes longues, mes chevilles fines, mais je manque de grâce et de souplesse. On sent trop que mon corps n'a pas été plié par l'acte de chair, pétri par les mains de l'homme... Je suis trop maigre aussi... Jamais je ne l'avais autant remarqué. Mon visage est émacié, mes yeux creusés, mes traits tirés... Est-ce ma passion pour Denys qui me consume ainsi ? Je ne le pense pas : elle devrait plutôt m'embellir puisqu'elle m'exalte ! Il doit y avoir autre chose ne serait-ce pas plutôt la fatigue accumulée d'années de travail ininterrompu ? L'état général est mauvais. Je suis découragée... Comment lutter contre les formes pleines et souples de Christiane ? Comment faire désirer ce sein vidé et cette hanche plate ? J'ai honte. Je crains de ne pas réussir... Ne ferais-je pas mieux de ne rester que la cérébrale ? Mon cerveau seul est-il capable de m'imposer à celui que j'aime ? Je ne sais plus... La question sexuelle a tant d'importance ! Elle me hante aussi depuis que je les ai vus l'un contre l'autre... Il faut que je suive un traitement... Un institut de beauté ? Je n'oserais pas y entrer : je serais ridicule. Et pourtant ? J'ai souvent remarqué que l'amour et le désir d'un homme ne tiennent qu'à trois ou quatre kilos de graisse supplémentaire sur le corps de la femme, à ce que nous appelons, en médecine, quelques grammes d'albuminoïdes, de lipides et de sucres... C'est parfaitement ridicule mais c'est ainsi. Je dois donc nourrir ma peau par un traitement d'hormones. Mais ce ne sera pas suffisant pour supprimer ces malaises périodiques que je ressens depuis quelques mois. — A certains moments aussi j'éprouve de véritables angoisses j'ai du mal à respirer. Aurais-je une bronchite chronique ou des crises d'asthme ? Ce doit être cela : de l'asthme... Dans ces moments-là je me sens terriblement lasse. J'ai presque envie de me laisser mourir : l'idée de suicide me reprend. Il faut réagir ! (A suivre...)