Résumé de la 39e partie - Marcelle ressent une immense tendresse pour le docteur... Que je vous adore avec toute la violence que seul un refoulement de vingt-cinq années peut expliquer ?... Que la femme, qui était prisonnière en moi, est libérée et que c'est vous qui avez accompli ce miracle ? Je vous ai vu revenir le matin, après votre nuit d'amour... Vous aviez cet air triomphant du mâle satisfait qui a pris son plaisir et qui a su le donner... Vous étiez exalté, vous sentiez l'amant... Vous avez pris un ton désinvolte pour me dire bonjour : On part faire sa petite tournée ? Je n'ai même pas répondu, mais ces mots-là sonneront toujours en moi comme le glas de mon amour naissant... Vos yeux n'osèrent pas soutenir mon regard : vous vous sentiez coupable, devant moi, comme un collégien qui rentre après une escapade. Et je crois que je ne vous en ai aimé que davantage ! Mais qu'avez-vous donc reçu pendant cette nuit où vous m'avez trahie ? Les baisers et les caresses d'une femme qui n'a fait que répéter avec vous les gestes déjà accomplis maintes fois avec son mari et peut-être avec d'autres ? Tandis que moi, je me suis réservée pour vous... Et je vous possède, Denys ! Je n'ai pas eu besoin de votre présence physique pour vous aimer comme vous le méritez. Vous me prenez toutes les nuits en rêve aussi complètement que l'autre le fait en réalité. Je vous donne tout mon amour et vous ne pouvez m'en empêcher, ni vous ni elle ! Je continuerai à vous prendre ainsi chaque soir dans ma chambre et vous me donnerez le plaisir dès que je l'appellerai c'est ma force et mon secret. Maintenant vous la trompez avec moi !» — ... Voilà ce que je voudrais lui crier ! II faut que je lutte pour passer du rêve à la réalité. Mais comment ? Elle est jolie, cette Christiane... Elle a du charme... Elle n'est pas sotte. Beaucoup moins enfant que lui... Elle est «femme» surtout ! Le combat sera dur, âpre... mais je triompherai ! J'aurai la peau de cette femme s'il le faut ! Je dois d'abord trouver le moyen de le dégoûter d'elle pour qu'il revienne à son métier, rien qu'à lui... ce métier que je représente déjà dans son esprit... Il n'y a que par là que je peux le reprendre. Dès que ce sera fait, le reste deviendra un jeu pour moi... parce qu'enfin je ne suis pas laide ! Et je me sens très capable de me montrer «femme», moi aussi... Je n'emploierai pas les mêmes moyens vulgaires que sa Christiane : ce sera pour cela qu'il finira par me remarquer. Je ferai naître en lui une passion violente, irraisonnée : il m'adorera. — Si je lui étais complètement indifférente, il ne resterait pas pendant des soirées entières à travailler avec moi quand les consultations sont terminées. Il courrait rejoindre sa maîtresse... Elle est jolie ? La beauté, ce n'est pas tout... Si je pouvais la rendre laide, elle perdrait son meilleur atout. Si je pouvais aussi lui retirer son charme, elle n'aurait plus rien ! Tous les soirs depuis que je sais t'aimer, Denys, je me regarde devant la glace de cette horrible armoire de maison de province. Et je me demande pourquoi je ne t'ai pas encore plu. (A suivre...)