Diktat - Ces gens ne reculent devant rien et imposent les tarifs qu'ils veulent. A chaque coin et recoin de la rue, des jeunes, âgés entre 20 et 40 ans, attendent les automobilistes en quête de stationnement pour leur proposer «aide et assistance». Ils se montrent d'une courtoisie inégalable, en aidant même le «client» à mieux garer sa voiture. «Vous allez tarder ou vous partez tout de suite ?». C'est la première question posée par ces jeunes aux automobilistes. Une question d'ordre «tactique», puisque ces jeunes, autoproclamés gardiens de parkings, préfèrent ceux qui quittent le lieu de stationnement très vite et ce pour pouvoir assurer un maximum de gains. Parfois, ils vont jusqu'à demander aux clients de leur laisser les clés de la voiture pour mieux organiser leur activité. Les espaces réservés au parking sont étroits, mais ces gardiens tentent de les rentabiliser au maximum. Et parfois, les prix sont fixés en fonction de la durée de stationnement. Le tarif minimum est passé de 20 dinars, il y a quelques années, à 50 dinars actuellement, comme pour s'accommoder de la flambée constante que connaissent les prix des divers produits de large consommation ! «Lorsqu'on se plaint de ces tarifs, ils répondent, tout simplement, que même nos salaires ont été augmentés. On dirait qu'on est obligé de partager nos mensualités avec eux. Ils agissent en toute impunité et commettent ces dépassements sans être inquiétés !», pestent certains automobilistes rencontrés à Belcourt et à la Place du 1er-Mai, à Alger. Et gare à celui qui tente de résister, puisque ces «parkingeurs», comme on les appelle communément, sont souvent munis de gourdins et d'armes blanches et sont prêts à l'agression à tout moment. «Moi-même, j'ai assisté à des agressions, à plusieurs reprises, dans différents quartiers d'Alger. Ces gens ne reculent devant rien et imposent les tarifs qu'ils veulent. C'est vraiment désolant de voir autant de laxisme de la part des autorités...», se désole Aâmi Mohamed, la soixantaine, chauffeur de taxi. «Nous n'avons d'autre choix que d'obéir à leurs exigences. Nous préférons donner de l'argent plutôt que de recevoir des coups de couteau, car la plupart des gardiens de ces parkings sauvages sont d'une méchanceté sans pareille. Il y a même des repris de justice parmi eux, alors mieux vaut perdre de l'argent que de subir de lourdes conséquences», soutiennent plusieurs automobilistes. Verser une somme d'argent à des gens improvisés en gardiens de parking est, il faut le dire, entré dans les mœurs collectives des Algériens ces dernières années. La facture quotidienne de stationnement revient souvent trop chère, dépassant parfois les 300 dinars pour les citoyens devant se déplacer dans plusieurs endroits. «Près de la supérette, de la mosquée, de la banque ou autre administration, nous sommes dépouillés, par ces gardiens. Même si nous stationnons à la même place plusieurs fois, nous sommes sommés de payer pour chaque escale. C'est trop, une partie de nos salaires est dépensée de cette manière», se désolent nos interlocuteurs. Face à des gens qui agissent en maîtres des lieux et à l'absence de toute réaction des autorités, le simple citoyen est ainsi soumis à de perpétuelles «taxes».