Point de vue - Analysant la situation économique en Algérie, le vice-président du CNES, Mustapha Mekidèche, appelle à «l'ajustement de l'actuelle stratégie économique» . M. Mekidèche a mis l'accent sur l'urgence d'aller vers un nouveau régime de croissance, d'autant plus que des défis restent à relever face aux «nouvelles menaces internes et externes».«Devant l'ampleur des enjeux, voire les rapports de force qui sont en train de changer dans le monde, la transition énergétique, la crise économique, les impératifs de l'heure et face aux vulnérabilités qui peuvent affecter le pays, il est nécessaire de re-questionner le modèle de développement suivi jusque-là et saisir les nouvelles opportunités pour s'inscrire dans une nouvelle vision d'avenir», a-t-il précisé. Qualifiant le modèle économique actuel de «mou», cet économiste, qui intervenait au forum de DK News hier, estime qu'il est impératif «de rationaliser la dépense budgétaire et la rendre plus efficace». Il faut, selon lui, qu'il y ait un consensus politique sur cette question et que la classe politique se positionne par rapport à ce problème. Parmi les types de menaces internes, il citera, entre autres, la dépendance alimentaire, avec l'accroissement constant de la facture alimentaire, la poursuite des politiques de rente, le déficit budgétaire qui absorbe une part non négligeable du fonds de régulation des recettes, le gaspillage de la richesse nationale, le trabendisme aux frontières....Questionné sur la continuité de l'actuelle politique publique, il a estimé nécessaire qu'«il y ait une culture et une évaluation régulière de la politique publique pour une bonne gouvernance». Evoquant le secteur de l'habitat, M. Mekidèche se demande pourquoi signer des contrats avec des entreprises du bâtiment alors qu'il va falloir les acheter ? De même, il revient sur le problème du ciment, estimant que l'Algérie dispose de carrières et de l'énergie pour le produire tout en ayant l'opportunité d'exporter le surplus. Pour ce qui est de la réalisation des logements, il rappellera que les capacités du secteur sont de l'ordre de 80 000 logements par an alors que les besoins sont estimés à 250 000 logements/an. Les capacités de l'entrepreneuriat en Algérie restent faibles. A titre illustratif, il dira que 40 % des entreprises publiques sont déficitaires et leur taux de rentabilité est inférieur à 10 %. Le secteur privé compte 660 000 TPE (très petites entreprises) qui emploient en général moins de 3 travailleurs et dont seulement 1 % emploie entre 50 et 200 travailleurs. Cependant, l'orateur a salué la politique menée dans les deux secteurs stratégiques, à savoir l'agriculture et l'industrie qui, selon lui, sont en bonne voie. Abrogation de l'article 87 bis «Un vrai casse-tête» Interrogé sur la probable abrogation ou la révision de l'article 87 bis de la loi sur le travail annoncée récemment par le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, le vice-président du CNES, Mustapha Mekidèche, a indiqué que «au cas où le gouvernement s'engagerait à abolir l'article 87 bis, ce serait un vrai casse-tête». Il enchaînera : «L'abrogation pure et simple de l'article 87 bis, avec effet rétroactif, va entraîner une pression sur les finances publiques.» Avec les 2 millions de fonctionnaires, les finances publiques vont connaître un déficit plus important qui va être résorbé par un appel plus grand au fonds de régulation des recettes, qui, par conséquent, va avoir une durée de vie assez limitée. Selon l'invité du forum de DK News, «il faut trouver un compromis acceptable entre les capacités du budget public, les revendications des salariés publics et ceux des entreprises publiques».