Préparatifs - Les Ouarglis s'apprêtent à accueillir, en communion avec le monde musulman, le mois sacré du ramadan par des préparatifs faisant partie des us et traditions millénaires encore préservés par la société. Plusieurs chefs de famille se trouvent, en effet, dans l'obligation de se reconvertir, par la force des choses, en «expert comptable» afin de s'imposer un régime restrictif en administrant leurs ménages «avec une sage économie». Seules les prouesses d'un «expert comptable» pouvant rationner les dépenses et les charges est à même de «sauver» le budget familial de tant de «tentations de ripailles» durant ce mois de carême qui appelle pourtant à la sagesse et à l'abstinence. La flambée des prix, pratiquée dès l'avènement du ramadan, par des commerçants avides ne laissent pas indifférents les pères de famille qui, par souci de s'épargner les «surtaxes événementielles» et les fluctuations survenant dans les prix au détriment de leurs bourses, s'approvisionnent, des semaines avant le jour «j», en produits alimentaires de base non périssables nécessaires au menu de ramadan. Entre l'enclume des dépenses et le marteau des exigences, certains ménages, notamment la classe moyenne, recourent aux méthodes traditionnelles d'ensilage pour sécher, entreposer et conditionner leurs produits afin de se prémunir des spéculations effrénées sur les aliments et de leur cherté. El Hadja Fatma-Zohra, femme au foyer, soutient que de pareilles pratiques devraient permettre de stocker un large lot de produits, dont les épices préparées maison, et, par conséquent, s'épargner les faux frais et mettre fin aux interminables files, sous un soleil de plomb, devant les marchés, les épiceries, et les grossistes pratiquement pris d'assaut en période de jeûne. «Eviter les prix exorbitants et les dépenses inutiles pendant ce mois permettra d'économiser pour l'Aïd El Fitr, d'acheter des vêtements aux enfants, mais aussi d'assurer des achats pour la prochaine rentrée scolaire. Certaines familles y réfléchissent d'ores et déjà», affirme El Hadja Fatma-Zohra, soulignant que l'idéal serait de faire les achats bien loin des jours de fête ou autres occasions afin de «préserver son porte-monnaie et épargner aux petits ménages bien des désagréments». Les lourdes charges et dépenses prévues pour ce mois sacré ne peuvent, toutefois, occulter les vertus innombrables de cette occasion religieuse que les familles Ouarglies s'attachent à préserver avec fierté. L'aménagement, l'embellissement, le changement de décor des foyers, l'achat d'une nouvelle gamme d'ustensiles et la réhabilitation d'autres servant uniquement aux plats traditionnels, font partie des actions projetées en prévision du ramadan, mois de pardon, de rahma (miséricorde) et de générosité. D'aucuns soutiennent, en effet, que «l'Invité annuel, qu'est le mois de ramadan, est le mois de générosité et d'abondance», justifiant subtilement les dépenses des Ouarglis durant cette période de carême où l'amour du prochain et les valeurs spirituelles constituent le socle sur lequel reposent la fraternité, l'entraide et la solidarité entre les familles algériennes.