Résumé de la 2e partie - Deux jours après son enlèvement, on retrouve le corps de James atrocement mutilé... Ils se prénomment John et Robert et ils ont bien dix ans tous les deux ! Ils habitent le quartier de W., à cinquante mètres de l'endroit où a été découvert le corps. Ils sont issus d'un milieu très défavorisé. Le père de l'un est au chômage, la mère de l'autre est alcoolique. Ils sont suivis par les services sociaux de Liverpool et passent le plus clair de leur temps à faire l'école buissonnière et à déambuler dans les faubourgs. C'est la première fois en Angleterre que des enfants aussi jeunes sont suspectés d'un pareil meurtre, ce qui pose un problème aux enquêteurs : malgré l'horreur de ce qu'on leur reproche, ce ne sont que des enfants et il faut agir avec ménagement en tenant compte de leur âge. Tandis que l'Angleterre apprend leur arrestation avec une horreur grandissante les interrogatoires commencent. Les policiers ont reçu des instructions précises : faire comme s'ils interrogeaient leurs propres enfants, essayer d'oublier ce qui s'est passé. Dissimulant leur nausée, ils posent leurs questions avec patience, s'efforçant de mettre en confiance, de rassurer. John et Robert ont droit à de longues périodes de repos. Ils sont interrogés en présence de leur famille, de représentants légaux et sociaux. On a choisi de les entendre séparément, dans deux commissariats différents, afin qu'ils ne puissent s'influencer mutuellement. Jusqu'au dernier moment, les enquêteurs espèrent sans doute secrètement qu'ils se sont trompés, que ce ne sont pas eux qui ont fait cela, qu'ils n'en ont été que les témoins... Et pourtant, si, ce sont eux et eux seuls ! Ils font exactement les mêmes aveux, tout concorde au détail près. Non seulement ils sont les tortionnaires et meurtriers de James, mais ils ont agi avec préméditation. C'était bien eux qu'avait vus l'autre cliente. Ils n'étaient venus au supermarché que pour enlever un enfant. De surcroît, leur attitude est proprement terrifiante. Ils s'expriment avec calme, détachement, ne manifestant ni l'un ni l'autre le moindre remords. Pendant les périodes de détente qu'on leur accorde, ils jouent à des jeux vidéo ou dessinent. Ils n'ont pleuré à aucun moment, diront les policiers. La procédure criminelle suit son cours. Conformément à la loi anglaise, et à la différence de ce qui se passe en France ce n'est pas un juge d'instruction qui décide de l'inculpation, mais un tribunal de mise en accusation. Si sa réponse est positive, ensuite aura lieu le procès proprement dit. Ce matin-là, dans la banlieue de Liverpool, le tribunal de B., devant lequel vont passer John et Robert, est en état de siège. Un imposant cordon de bobbies avec matraques essaie de tenir en respect une foule qui gronde. Car, malgré les appels au calme, notamment ceux des parents de James, la tension est à son comble. On a même du mal à imaginer le vent de folie qui souffle sur l'Angleterre depuis le début du drame. Tandis que des milliers de bouquets de fleurs, d'animaux en peluche et de mots d'enfants sont déposés au supermarché où a été enlevé James et sur la voie ferrée où l'on a retrouvé son corps, des mères promènent leurs enfants en laisse comme des petits chiens ; l'opinion, traumatisée, voit des meurtriers partout. Et la classe politique, dans un pays où la violence est un problème bien plus aigu qu'en France, ne fait rien pour inciter au calme. (A suivre...)