Résumé de la 63e partie - Pour faire croire au docteur que sa scène a porté, Marcelle décide de se montrer très docile et aimable avec tout le monde. Je pensais que mon intrusion dans sa chambre avait porté ses fruits. Je triomphais en me disant que cette vieille fille avait besoin de recevoir, de temps en temps, une volée de bois vert. Au fond, j'étais très fier d'avoir eu le courage de la lui administrer en quelques paroles biens senties. Je ne me doutais certes pas, quand je revins d'une tournée à midi le lendemain pour le déjeuner, que non seulement elle avait consulté mes fiches confidentielles, mais qu'elle avait fixé son choix sur les malheureux qu'elle considérait déjà comme ses futurs «cobayes» ! Elle fut toute gentillesse pendant le repas. Elle parla même à table d'autre chose que de maladies : Clémentine et moi en étions interloqués. Après le dessert, elle me demanda si je pouvais lui accorder quelques minutes d'entretien dans la bibliothèque. Une conversation stupéfiante qui me combla d'aise : — Je suis navrée, docteur, de ce qui s'est passé hier soir... Votre colère était justifiée. — Non, Marcelle. La colère ne se justifie jamais ! Je reconnais, moi aussi, avoir eu tort de m'emporter... — Je crois, docteur, que tout cela n'est venu que d'une incompréhension mutuelle entre Mme Triel et moi. Nous nous connaissons à peine toutes les deux et ma timidité naturelle, qui est pour moi un affreux complexe, peut faire croire à certains moments que je suis volontairement désagréable. Je vais faire tous mes efforts pour essayer de la surmonter... Et je ne voudrais surtout pas que Mme Triel ait pu supposer un instant que j'éprouvais pour elle une certaine antipathie... Bien au contraire ! Cette jeune et jolie femme m'a paru charmante... Je suis convaincue qu'elle vous rendra un jour très heureux... Pourquoi lui en voudrais-je de faire le bonheur d'un jeune patron que j'estime ? Je devrais plutôt lui en être reconnaissante... Mme Triel est nécessaire dans votre vie... Si cela pouvait vous être agréable, docteur, je n'hésiterais pas à aller lui rendre visite dès aujourd'hui pour dissiper ce regrettable malentendu. — Je ne vous en demande pas tant, Marcelle ! Et vous avez des choses plus urgentes à faire... Le mieux sera que je téléphone à Christiane de venir dîner ce soir avec nous. Mon père répétait souvent qu'un repas pris en commun arrangeait bien des choses ! — Monsieur votre père était un fin psychologue, docteur... Elle avait quitté, souriante, la bibliothèque. Ce fut peut-être là mon plus grand saisissement : je venais d'avoir la preuve, contrairement à ce que je m'étais imaginé, que Marcelle Davois - quand elle le voulait -pouvait sourire ! Et elle me parut presque jolie derrière son sourire... Sourire qu'elle conserva pendant les consultations de l'après-midi : les clients la regardaient avec ahurissement en se demandant ce qui avait bien pu la transformer. Et moi, je continuais à me pavaner ! (A suivre...)