Résumé de la 30e partie - L'infirmière informe le docteur que durant son absence, elle est allée poser des ventouses à Mme Triel... A part cette visite au château, rien d'extraordinaire ? — Rien, docteur. — Merci, Marcelle. C'était à peine croyable ! Christiane, qui m'ignorait volontairement depuis huit mois que j'étais revenu dans le pays, avait éprouvé le besoin subit de réclamer mon assistante, et ceci uniquement pour poser des ventouses alors que sa femme de chambre aurait très bien pu le faire ! La réputation grandissante de Marcelle Davois serait-elle parvenue jusqu'au château et aurait-elle aiguisé la curiosité de Christiane ? En tout cas, celle qui avait été ma fiancée pendant des années n'avait pas exprimé le moindre désir de me voir, à moins qu'elle n'ait pas osé et que ce procédé bizarre fût au contraire un moyen indirect de me faire comprendre qu'elle ne serait pas fâchée de me rencontrer. Je devais être dans le vrai et j'avais maintenant une excellente raison d'aller rendre visite à Christiane, sous prétexte de m'enquérir de sa santé. Elle devait attendre ma visite... J'irais dès le lendemain matin et je dis à mon assistante, au moment où elle montait se coucher : — Marcelle, ce ne sera pas la peine de téléphoner demain pour avoir des nouvelles. Je préfère aller moi-même au château. «Ce 15 janvier. — Pourquoi va-t-il chez cette Mme Triel ? J'espère que c'est uniquement parce qu'elle peut devenir pour lui la cliente la plus intéressante de la région... N'est-elle pas très riche ? Son château n'est-il pas charmant ? Enfin, n'offre-t-elle pas le très gros avantage d'être veuve, d'après ce que m'a expliqué le chauffeur pendant le trajet ? Elle n'est pas laide... Elle serait même plutôt jolie, très jolie ! Un peu frêle, à mon avis : sa constitution physique laisse à désirer. Elle a déjà une légère tendance à voûter ses épaules comme beaucoup de ces jeunes femmes modernes... Elle n'est pas très robuste : ce simple refroidissement prouve qu'elle doit prendre quelques précautions... C'est drôle comme elle a paru étonnée quand je l'ai auscultée : - «Vous êtes donc aussi doctoresse ?» - «Je pourrais l'être, madame... Vous avez un léger râle sur le poumon gauche, mais c'est insignifiant. Les ventouses vont vous décongestionner, à moins que vous ne préfériez un sinapisme ? - «Oh non ! Ça brûle trop !» C'était bien elle : la femme gâtée par l'existence qui ne peut supporter aucune douleur, si minime fût-elle... Je l'ai compris tout de suite. — Mais pourquoi tient-il absolument à aller la voir dès demain ? Elle m'a dit le connaître mais ne pas l'avoir revu depuis longtemps... Quand j'ai prononcé le nom «Mme Triel», il s'est écrié : «Christiane» ? On n'appelle pas par son prénom une femme que l'on n'a pas vue depuis des années si on ne l'a pas très bien connue avant... Peut-être même se tutoient-ils ? Le plus étrange est qu'il ne m'ait jamais parlé d'elle... (A suivre...)