Situation - Les islamistes au pouvoir et leurs détracteurs poursuivaient, hier, mercredi, leur bras de fer politique autour du sort du gouvernement. Ainsi dans la nuit de mercredi à jeudi, les opposants ont réunis de nouveau quelques milliers de personnes devant l'ANC, installant pour la première fois une scène et des hauts-parleurs, tandis que côté pro-gouvernemental ils étaient quelques centaines. L'impasse politique, associée à «la grande menace terroriste», selon les mots du numéro deux du gouvernement Noureddine Bhiri, inquiète vivement la presse qui craint que la Tunisie ne bascule dans le chaos. Le Quotidien estime que «la Tunisie s'est progressivement empêtrée dans un infernal cycle de violence qui risque réellement de l'anéantir». Plus nuancée, La Presse relève les responsabilités du pouvoir «face à la défaillance sécuritaire» mais appelle les forces politiques des deux camps à faire preuve de pragmatisme : «La raison et la modération sont de mises si l'on veut sauver le pays.» Du côté des analystes, l'attaque sanglante de Chaambi et les assassinats prêtés à la mouvance jihadiste des opposants Mohamed Brahmi et de Chokri Belaïd en février témoignent d'un échec de la politique vis-à-vis des islamistes radicaux. «Aujourd'hui il faut une (position) très sévère (face aux jihadistes) pour assainir le climat dans le pays, il faut une feuille de route claire sinon on laisse la porte ouverte à ce genre d'actes», relève Haykel Ben Mahfoudh, expert au Centre pour le contrôle démocratique des forces armées, un institut d'expertise. Ajoutant encore à la tension régnante, les autorités ont annoncé qu'une patrouille de gendarmes avait été visée par un engin explosif artisanal télécommandé dans la nuit de mardi à mercredi sans faire de victimes. Le directeur de la Garde nationale de Mhamdia (30 km au sud de Tunis), Mohamed Jouhri, a indiqué à la radio Shems-Fm être sûr que l'engin visait ses troupes : «Cette zone est connue pour les patrouilles 24H/24 de la Garde nationale. Ceux qui ont posé cette bombe le savaient.» Aucune piste n'a pour l'heure été évoquée. Dans ce contexte, et au sein même du gouvernement les tiraillements et hésitations sont nombreux : le ministre de l'Education a remis sa démission tout en acceptant d'assurer ses fonctions jusqu'à la fin de la crise. Celui de l'Intérieur a réclamé un nouveau gouvernement et a «envisagé» de démissionner, tandis qu'Ettakatol, allié laïque d'Ennahda, a réclamé la dissolution du cabinet sans pour autant quitter la coalition gouvernementale. Une soixantaine de députés sur 217 boycottent l'ANC pour en obtenir la dissolution, et parmi les autres aucun compromis ne se dessine sur la Constitution en cours de rédaction depuis octobre 2011, condition pour un scrutin et des institutions pérennes. Compétitions africaines de football à huis clos Les rencontres des compétitions africaines de football prévues durant le week-end en Tunisie, se dérouleront à huis clos, la police n'étant pas en mesure d'en assurer la sécurité, a indiqué, mercredi, le ministère de l'Intérieur. le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Aroui, a confirmé dans un communiqué que la police n'était pas en mesure à la fois de garantir la sécurité des stades et d'encadrer les manifestations pro et anti-gouvernementales qui se déroulent la nuit, comme les rencontres de foot, après la rupture du jeûne du ramadan. Trois rencontres sont prévues en Tunisie ce week-end. Samedi, l'ES Tunis rencontre le Coton sport (Cameroun) dans le cadre de la Ligue des champions d'Afrique, et le ESS de Sousse affronte Saint-George (Ethiopie) dans le cadre de la coupe de la confédération. Dimanche Bizerte sera opposé à l'ES Sétif (Algérie) pour un match comptant aussi pour la coupe de la confédération.