Selon le leader d'Ennahda, Rached Ghannouchi, la négociation sur la Constitution est sortie de l'impasse Les militaires tunisiens ont dressé un périmètre de sécurité autour du Mont Chaambi et des postes de contrôle ont été mis en place à Kasserine, ou d'importants renforts sont arrivés jeudi. Les pourparlers sur le futur régime politique de Tunisie sont sortis de l'impasse, le parti islamiste Ennahda à la tête du gouvernement ayant renoncé à l'instauration d'un système parlementaire pur, a assuré hier le chef du mouvement, Rached Ghannouchi. «On est sorti de l'impasse, on va vers un régime mixte où ni le chef d'Etat ni le chef du gouvernement n'ont la mainmise sur le pouvoir exécutif», a-t-il déclaré à l'antenne de la Radio Shems-FM. M.Ghannouchi n'a cependant pas apporté de précisions sur la question clé de la répartition des prérogatives, indiquant simplement que président et Premier ministre auront chacun «leurs spécialités». Ennahda réclamait jusqu'à présent l'instauration d'un régime parlementaire pur en Tunisie, alors que l'essentiel de la classe politique, y compris les alliés laïcs des islamistes, militent pour que le chef de l'Etat dispose de prérogatives importantes. Les travaux de rédaction de la Constitution ont pris un retard considérable en raison notamment de ce différend, alors que les principales forces politiques s'étaient engagées à l'origine à achever la loi fondamentale en octobre 2012. Le dernier délai annoncé pour présenter le projet constitutionnel a expiré le 27 avril, et aucune nouvelle date n'a été avancée pour le moment. Le dernier brouillon, publié fin avril, a été vivement critiqué par des juristes et des opposants, le texte étant trop flou notamment sur la place de la religion, des droits de l'Homme ou encore de l'égalité des sexes. «Un dialogue national» houleux sous l'égide de la présidence tunisienne est en cours pour résoudre ces désaccords. Le Premier ministre Ali Larayedh, issu d'Ennahda, a promis l'adoption de la Constitution et l'organisation d'élections législatives et présidentielle avant la fin 2013, soit trois ans après la chute du régime de Zine El Abidine Ben Ali. Au plan sécuritaire, La traque d'un groupe de jihadistes tunisiens se poursuivait hier sur le Mont Chaambi où une quinzaine d'agents des forces de sécurité ont été blessés cette semaine par des mines, a indiqué le ministère tunisien de l'Intérieur. «Les opérations de ratissage des forces de la Défense et de la garde nationale se poursuivent sur le Mont Chaambi», a indiqué le porte-parole du ministère Mohamed Ali Aroui. Il a refusé d'apporter d'autres précisions sur cette traque et n'a pas souhaité se prononcer sur les opérations en cours dans la région du Kef où un second maquis jihadiste est actif. L'armée a assuré jeudi que la situation était «sous contrôle». Sur le terrain, les militaires ont dressé un périmètre de sécurité autour du Mont Chaambi et des postes de contrôle ont été mis en place à l'entrée du chef-lieu régional de Kasserine, ou d'importants renforts sont arrivés jeudi. Les forces tunisiennes pourchassent dans ce massif un groupe jihadiste qui lui échappe depuis décembre et est responsable d'une attaque ayant tué un sous-officier de la garde nationale, l'équivalent de la gendarmerie. La traque s'est considérablement intensifiée mercredi, après qu'une quinzaine de militaires et de gendarmes ont été blessés par des engins explosifs disposés par les combattants. L'armée assure cependant qu'aucun affrontement direct n'a eu lieu et que ses hommes tirent au mortier et à l'arme légère pour déminer la région. Selon les témoignages, lors des opérations de ratissage, les forces tunisiennes ont découvert des armes, le site d'un campement, des vivres et des documents sur la fabrication d'engins explosifs. La Tunisie fait face depuis la révolution de janvier 2011 à un essor inquiétant de groupuscules islamistes armés. Une cellule d'Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) a été démantelée fin 2012, mais les autorités n'ont pas dit si les groupes «terroristes» pourchassés actuellement appartenaient à ce réseau.