Résumé de la 82e partie - Dès que Mme Boitard sera disposée à se faire opérer, Marcelle devra trouver un charlatan qui ferait l'ablation du sein sans se soucier de savoir si elle est atteinte d'un cancer... L'opération en soi est sérieuse mais connue : il faudrait une malchance insigne pour qu'elle ne réussisse pas. En réalité, cette intervention n'offrait pour moi qu'un intérêt secondaire : ce qui comptait était le travail de sape cérébral accompli dans le cerveau de cette femme-cobaye. J'allais étudier soigneusement, pendant les quelques semaines qui précéderaient la fuite de Mme Boitard, ses différentes réactions psychologiques et j'en ferais mon profit pour appliquer la même méthode à Christiane. Parce qu'enfin cette Mme Boitard m'indifférait tout autant que le bonhomme Heurteloup : elle appartenait à mon champ d'expériences préliminaires, c'était tout... — Sa fuite ferait sensation en ville. On se poserait les questions les plus saugrenues. On l'attribuerait presque certainement à une fugue sentimentale de cette femme capiteuse. Personne, y compris le mari abandonné et l'amant délaissé, ne se douterait de la véritable raison. Il ne le fallait pas, sinon je serais perdue... Personne, sauf Christiane à laquelle je laisserais entendre progressivement que je soupçonnais la belle Mme Boitard de s'être enfuie parce qu'elle avait un cancer du sein. Je suis devenue assez amie avec la maîtresse de Denys pour le lui confier. Mon influence sur elle grandit... Elle m'écoute : bientôt elle fera tout ce que je veux sans même se rendre compte que c'est moi qui décide... Peu à peu mon cerveau la vole moralement à Denys pour l'amener à se détacher physiquement de lui... Quand ce sera fait, Denys ne sera plus qu'à moi ! L'idée de cancer commence à hanter sérieusement Christiane qui a été bien préparée parce que j'ai déjà dit sur la mort du père Heurteloup et par tout ce que je lui raconte depuis trois mois quand Denys n'est pas là. Elle est passionnée ! — Mon plan, après la deuxième visite de Mme Boitard, fut très logique : je l'ai rencontrée quelques jours plus tard et j'ai reparlé de l'opération. Je l'ai sentie encore hésitante : j'ai insisté comme Berthet avait fait avec moi. Finalement, après trois mois de patience de ma part pendant lesquels il ne se passa pratiquement pas de jours sans que j'aie réussi à enfoncer encore davantage dans le cerveau de cette femme-cobaye l'idée qu'elle avait réellement un cancer du sein - elle était prête à s'enfuir. J'avais enfin trouvé le chirurgien rêvé pour pratiquer l'ablation inutile dans un département du Sud-Est. Les choses allaient donc pour le mieux quand j'apprends tout à l'heure par Denys qu'elle vient de se suicider Comme si elle n'avait pas pu se fier à ce que je lui disais ! — J'essaie encore de comprendre ce qui s'est passé brusquement dans son esprit. Peut-être que l'idée d'être mutilée lui est devenue soudain intolérable... Ajoutée à la pensée de se séparer de son amant, ce dut être trop : elle a préféré en finir tout de suite alors qu'elle était encore en pleine beauté et que son corps était resté intact. Pauvre créature ! Je l'avais bien devinée : son suicide n'est pas un acte de courage, mais de faiblesse. Il m'oblige pourtant à adapter tout de suite mon plan aux circonstances... A suivre...)