Résumé de la 75e partie - Marcelle attribue la cause de la mort de Mme Boitard à des raisons intimes... «Je ne suis pas très sûr, Marcelle, que cette liaison ait vraiment existé.»- «Tout le monde l'affirmait en ville !» - «Tout le monde ? Ce n'est pas une référence suffisante... Christiane va être bouleversée : Mme Boitard était l'une des rares dames de la ville avec laquelle elle était assez liée... Je vais profiter de la visite que je dois faire aux Servais pour passer par le château : je la préviendrai avec le plus de ménagements possible.» — «Voulez-vous que je m'en charge, docteur ?» — «Non, Marcelle, je vous remercie.» Elle remonta dans sa chambre et ne dut même pas attendre le soir, comme elle en avait l'habitude, pour écrire sur son cahier la suite de ses confidences que j'ai sous les yeux, datées du jour où Mme Boitard s'est suicidée... «Ce 24 juillet. Ce que je viens d'apprendre par Denys est inouï ! Je n'avais pas prévu ça... Je savais que ma méthode avait réussi et que celle qu'ils appelaient tous avec une admiration béate «la belle Mme Boitard» n'était plus qu'une loque dans mes mains.., une pauvre femme prête à faire tout ce que je lui dirais... Hier encore elle m'avait déclaré qu'elle était décidée à partir selon mes conseils et à abandonner son mari et son amant... Elle irait n'importe où, mais loin, très loin pour se faire soigner et opérer s'il le fallait... Je savais aussi qu'elle n'oserait plus revenir, mutilée, dans cette petite ville où on l'avait admirée et où elle avait régné par sa beauté... Mais jamais je n'aurais cru qu'elle agirait ainsi ! qu'elle aurait le courage de se tuer, car, au fond, c'était une femme très lâche... Qu'est-ce qui a bien pu lui passer dans la tête pendant ces dernières heures ? Je ne voulais surtout pas qu'elle se tue ! Denys me l'a bien dit : les gendarmes se sont déjà emparés de l'affaire... Il y aura enquête... Ça m'ennuie. Il va falloir jouer serré. Je vais surtout être obligée de modifier sensiblement mon plan pour que Christiane ne l'imite pas quand ce sera son tour : un tour qui approche... Et cependant ! Dieu seul sait - en supposant qu'il existe - comme j'avais habilement manœuvré ! Trois mois... pas un de plus ! m'ont été nécessaires pour arriver à ce que je voulais ! Je finis par croire que je suis une excellente psychologue... J'avais commencé, il y a trois mois, tout de suite après la visite qu'elle venait de faire à Denys... au moment précis où elle sortait de son cabinet. Je l'attendais dans le vestibule pour la reconduire jusqu'à la porte... Un vestibule, c'est amplement suffisant quand on veut aboutir, pour lancer les quelques mots qui amènent le doute dans l'esprit : « Alors, chère madame, cette consultation n'a pas été trop pénible ?» «En effet, mademoiselle Marcelle. J'ai une grande confiance dans le docteur.» «Vous le pouvez, madame... Sans doute est-il encore un peu jeune, mais son diagnostic s'affirme.» «Que voulez vous dire ?» «Oh ! rien, sinon que lorsqu'il aura quelques années de pratique supplémentaires, ce sera le plus remarquable médecin de la région. Il a un immense avenir devant lui.» (A suivre...)