Résumé de la 89e partie - Le docteur soupçonne Marcelle d'avoir convaincu Mme Boitard qu'elle était atteinte d'un cancer... Non. Ce serait moins grave si cette lettre m'avait été destinée. C'est le lieutenant Deval qui l'a reçue : depuis il m'accuse d'avoir mis cette idée de cancer dans l'esprit de Mme Boitard. — Elle vous a donc nommé ? — La malheureuse n'a nommé personne : elle dit simplement qu'elle n'a plus aucun doute sur son état. - Voilà la preuve, docteur !... La preuve certaine qu'elle s'est mise elle-même cette idée en tête, sinon elle aurait dit qui lui avait fait croire que son mal était sérieux ! Ce qui est terrible en ce moment, et néfaste, ce sont tous ces articles que l'on publie dans les journaux et les moindres revues sur un sujet qui hante les gens. Et ces collectes que l'on fait un peu partout ! Quel est celui ou celle qui n'a pas versé son obole dans l'espoir que les fonds recueillis permettront enfin de découvrir le remède sauveur et que si jamais «il» ou «elle» est atteinte à son tour, le traitement pourra lui être appliqué ? Mme Boitard est une nouvelle victime de cette phobie générale : c'est là seulement qu'il faut rechercher le mobile de son acte. Comment aurais-je même osé prononcer devant elle, si j'en avais eu l'occasion, le mot que nous nous refusons à dire - nous qui avons travaillé pendant des années à Villejuif — Devant d'authentiques malades ? Ma conscience et le secret professionnel me l'interdisent. — Pourtant vous n'hésitez pas à parler souvent de ce sujet avec Christiane. — C'est différent, docteur ! Mme Triel est déjà pour moi la future Mme Fortier, l'épouse de mon patron, doublée d'une compagne dévouée qui s'intéresse passionnément à tout ce qui touche à notre profession.Vous-même ne m'avez-vous pas incitée à dire devant elle des choses qui auraient pu et même dû rester strictement confidentielles entre vous et moi, le soir où vous m'avez demandé mon avis sur la cause réelle de la mort du père Heurteloup ? — J'ai eu tort. Je le regrette... — Souvenez-vous que j'hésitais à vous répondre. Je crois même vous avoir dit que je ne vous donnais mon opinion sincère que parce que nous étions entre nous. J'ai également insisté auprès de Mme Triel pour qu'elle ne fît pas état de mes propos devant des personnes étrangères qui risqueraient de les déformer. Elle m'a répondu que je pouvais compter sur son silence absolu. Je sais qu'elle a tenu parole : c'est pour cela que je n'ai pas craint, lorsqu'elle m'a posé ensuite de nouvelles questions sur le cancer, pendant les différentes conversations très amicales que nous avons eues depuis, de lui révéler d'autres aspects du problème. Ai-je eu tort comme vous semblez le croire ? Je ne le pense pas... et, de toute façon, les torts sont partagés entre vous et moi, docteur. — Nous pouvons avoir confiance en Christiane. — C'est aussi mon avis... à moins qu'elle n'ait parlé incidemment, et sans la moindre mauvaise intention, de ces... choses avec Mme Boitard. Ne m'avez-vous pas dit ce matin qu'elles étaient assez liées toutes les deux ? (A suivre...)