Résumé de la 78e partie - En l'absence du Dr, Marcelle ausculte Mme Boitard et lui reproche d'avoir attendu si longtemps avant de consulter... — « C'est donc grave ? » - « Les choses cessent de s'aggraver, chère madame, si l'on prend des mesures énergiques... Personnellement, je pense que le traitement par hormones sera tout à fait insuffisant ! » - « Que me conseillez-vous ?» - « J'espère que je pourrais vous traiter par irradiation, mais ce n'est pas certain... II faudrait d'abord que je vous fasse une ponction qui seule me permettra de réaliser le diagnostic. J'analyserai le liquide obtenu et alors seulement nous pourrons prendre une décision rationnelle... Mais ça m'ennuie de le faire ainsi en cachette du docteur Fortier.» - «Puisqu'il n'est pas capable de savoir ce que j'ai exactement ?» - «S'il apprenait que vous êtes ici en ce moment, il m'en voudrait beaucoup, madame Boitard !» - «Ce n'est pas moi qui le lui dirai ! Je vous en prie, mademoiselle Marcelle, faites cette ponction !» - «Ça risque d'être un peu douloureux !» - «Tant pis ! Je préfère être fixée une fois pour toutes.» - «Je vous garantis, madame Boitard, que je la fais parce que vous l'exigez !» - La ponction fut faite : la belle Mme Boitard poussa un petit cri et s'évanouit au moment où j'introduisis l'aiguille. J'eus beaucoup de mal à la ranimer — «C'est fini ! Je vous promets de ne plus vous faire souffrir... Je vais analyser ce liquide dès que vous serez partie. Vous pouvez vous rhabiller.» — «Quand aurai-je le résultat ?» - «II me faut bien une semaine... Je ne peux travailler pour vous que lorsque le docteur s'absente... Dès que je saurai à quoi m'en tenir, je vous en avertirai discrètement et nous aviserons du bon remède.» - «Dois-je quand même suivre le traitement que m'a prescrit le docteur ?» - « Je préférerais que vous attendiez. Les hormones sont excellentes pour les simples hyperphasies tumorales, mais elles ne sont pas indiquées pour les néoplasies malignes... Elles risqueraient de faire disparaître la grosseur apparente en vous incitant à croire que vous êtes guérie, alors qu'en réalité le mal, disparu en surface, se serait développé en profondeur.» - «Je suivrai vos conseils, mademoiselle Marcelle... J'ai une confiance illimitée en vous et je vous remercie de ce que vous faites pour moi.» - «Vous n'avez pas à me remercier, madame. J'estime ne faire que mon devoir...» — C'était à son tour de passer huit jours atroces. C'était juste aussi ! Je ne devais pas être la seule à avoir vécu le supplice de l'attente pendant lequel on se désespère et l'on espère tour à tour... La belle Mme Boitard ne dormirait pas pendant ces huit jours et moi je ne toucherais pas au liquide que j'avais extrait de son sein pourquoi l'analyser ? Je savais d'avance qu'il serait clair alors que le germe du cancer se signalise par un liquide hémorragique et noir à la transillumination. Le cancer de Mme Boitard ne pouvait être que strictement moral, puisque cette femme avait une magnifique santé : quelle victoire ce serait pour moi si elle décidait de s'enfuir, talonnée par la peur ! (A suivre...)