Itinéraire Le président de l?APN suit la voie de son mentor Ali Benflis et va sûrement se confiner dans un silence délibéré et une opposition feutrée. Après bien des hésitations, des tergiversations qui avaient alimenté spéculations et projections des observateurs, le troisième personnage de l?Etat, le président de l?APN, s?est rendu à l?évidence : il a démissionné de son perchoir jeudi dernier pour se conformer à sa conception de l?éthique morale et surtout à la nouvelle donne politique induite par les résultats de la présidentielle du 8 avril dernier. Mais personne n?est dupe. Pour tous les analystes chevronnés de la scène politique nationale, le désormais ex-président de l?APN a bel et bien été poussé à la démission par les ambitieux députés du triumvirat de la fameuse alliance présidentielle (RND, MSP et le courant dit redresseur du FLN) qui a triomphé lors du dernier scrutin. Celui-ci, et ce n?est un secret pour personne, aspire à avoir la majorité des sièges au sein de cette illustre institution détenue toujours, électoralement du moins, par le FLN d?un autre démissionnaire, Ali Benflis. Pour arriver à cet objectif, il faut de nouvelles élections législatives dites anticipées, mais la grande question qui se pose aux architectes de ce jeu politicien est de savoir si l?option de la dissolution de la présente assemblée ne serait pas quelque peu précipitée. En fait, tout semble militer pour une stratégie de construction-renforcement du paysage politique né de la consultation électorale d?il y a presque deux mois. Il reste, qu?avant d?être le résultat d?une confrontation politique entre deux camps : le FLN, aile Ali Benflis, et les milieux gravitant autour du réélu président de la République, la démission de Karim Younès est d?abord l?issue logique d?une épreuve de force qui a duré plus d?une année, entre deux clans à l?intérieur de la famille du FLN elle-même : les «Benflissistes» et leurs adversaires les «redresseurs» qui semblent emporter définitivement la partie tant au sein de leur formation politique que dans l?arène de l?hémicycle de Zighoud-Youcef. Nul doute que ces derniers vont continuer sur leur lancée et mettront le plus vieux parti du pays et ses ancrages dans la société au profit du vainqueur du raz de marée électoral dernier en lui constituant une majorité confortable pour ne pas dire docile au sein de cette Assemblée par où passent tous les textes de loi du pays. Quant à la question relative au successeur de M. Younès, elle semble secondaire, sinon simplement subsidiaire, vu qu?elle sera réglée solennellement sous quinzaine (si ce n?est déjà fait en secret).