cette formation se prépare à transformer les sessions de ses congrès en autant de tribunes de débats. Pour pouvoir valablement délibérer, le quorum des présents doit, selon le règlement intérieur du parti, atteindre les 120 membres. Or, au moment où Ali Benflis ouvrait les travaux de la session ordinaire du comité central du FLN qui se déroule, depuis jeudi à l'hôtel Mouflon d'Or à Alger, le nombre des membres présents avait largement dépassé la norme requise. C'est vrai que la salle, trop exiguë, ne pouvait accueillir tous les membres présents dont le chiffre dépassait les 250. Minute de silence, hymne national, tout le rituel était là pour accentuer la solennité de l'événement. Après quoi, un bureau chargé de conduire les travaux a été plébiscité à main levée. Ne restait plus qu'à écouter le discours du secrétaire général du parti. Modeste, articulé juste ce qu'il faut pour être suffisamment intelligible pour sensibiliser le plus grand nombre, sinon pour confirmer auprès d'eux la réalité du terrain qui a prévalu durant la campagne des locales, Ali Benflis dut, d'emblée, bannir la moindre allusion triomphaliste au bilan plus que positif que le FLN a réalisé en un an d'exercice. Cela étant, on mentirait sûrement à ne pas rappeler qu'une hirondelle seule «ne fait pas le printemps». Mais comme dans toute entreprise, le choix d'un guide est indispensable, affirmer que le FLN en avait besoin pour s'affranchir de la frilosité qui l'avait maintenu hors compétition durant plus d'une décennie, n'est, en fait, redevable qu'au bon sens de certains de ses cadres...Ali Benflis, cause du renouveau du FLN? L'homme a bonne presse et n'a jamais inspiré de motif d'hostilité aux commentateurs. La population ne l'abhorre pas, bien au contraire. Qu'on se souvienne du drame de Bab El-Oued où, engagé sur le terrain de la colère, il a pu désarmer, grâce au deuil qui se lisait dans son regard, des jeunes prêts à molester tout représentant de l'Etat qui se serait hasardé à violer l'intimité de leur douleur. Il faut croire que réaliser un exploit, qui, non seulement permet aujourd'hui au FLN «d'être la grande force de proposition et d'action du pays», en le plaçant dans le camp des partis susceptibles de conditionner politiquement les prochaines échéances électorales comme la présidentielle de 2004, ne met à l'abri, ni le parti ni son secrétaire général contre lequel des coalitions hostiles peuvent s'organiser pour tenter d'altérer, sinon de réduire, le rythme de modernisation qu'il a imposé à sa formation. Bien souvent, la presse quand elle traite des activités du FLN, n'hésite pas à parler des «caciques» dont le rôle consisterait, semble-t-il, à freiner des quatre fers pour empêcher le char du FLN de faire sa mue et gagner son combat pour la modernisation. Il semble que les coups bas réactionnaires qu'on assénait avec délectation au sein du parti unique dans le feutre des bureaux insonorisés du siège central, ont laissé la place, au nom du pluralisme des opinions, à un travail de sape moins dissimulé que les contrôleurs ne parviennent même pas à taxer de fractionnel. D'ailleurs, dans la perspective du 8e congrès qui devrait se dérouler à la fin du premier trimestre de l'année 2003, Ali Benflis, qui le qualifie «d'important rendez-vous» et qui invite les militants à «l'unité de notre action et à la cohésion de notre démarche» n'a pas hésité à exhorter toute la famille du FLN, Comité central et Bureau politique compris, «à reléguer au second plan les combats marginaux et les luttes stériles et improductives». Précautions indispensables destinées à prévenir la zizanie que pourraient éventuellement alimenter les relents d'inimitié longtemps accumulés dans les abysses de la «pensée unique» à l'époque où le parti du FLN était captif des rentiers et autres démagogues de la dernière minute. En attendant, le FLN qui se prépare à transformer les sessions de ses congrès en autant de tribunes de débats où la pensée constructive prime l'intrigue, son secrétaire général n'a pas manqué d'en confirmer la ligne directrice quand, au détour d'un début de conclusion, il a rappelé que «ce congrès sera... celui de l'affinement de notre pensée politique et de notre projet national».