Condition n Pour la Russie, ceux qui accusent le régime syrien d'avoir usé d'armes chimiques doivent présenter des preuves convaincantes au Conseil de sécurité. Le président russe Vladimir Poutine a exigé, ce mercredi, que les Occidentaux présentent à l'ONU des «preuves convaincantes» de l'usage d'armes chimiques par le pouvoir syrien, affirmant que la Russie accepterait alors d'agir «résolument». Dans une interview à la chaîne publique Pervyi Kanal, diffusée à l'approche du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, il a souligné que dans le cas contraire, une intervention militaire en Syrie sans l'aval du Conseil de sécurité serait à considérer comme une «agression». «S'il y a des informations selon lesquelles des armes chimiques ont été utilisées, et employées par l'armée régulière (de Syrie), alors ces preuves doivent être présentées au Conseil de sécurité de l'ONU (...). Et elles doivent être convaincantes», a dit M. Poutine . «Après cela nous sommes prêts à agir le plus résolument et sérieusement possible», a-t-il ajouté, répondant au journaliste qu'il «n'excluait pas» de soutenir une action armée occidentale. Il a toutefois ajouté que «selon le droit international, seul le Conseil de sécurité de l'ONU peut décider de l'usage des armes contre un Etat souverain. Tout autre prétexte, moyen qui justifierait l'usage de la force vis-à-vis d'un Etat indépendant et souverain sera inacceptable et ne pourra être qualifié que d'agression». Lundi dernier, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a indiqué que les informations présentées par les Etats-Unis et leurs alliés concernant l'utilisation d'armes chimiques par le régime du président syrien Bachar al-Assad dans la banlieue de Damas «ne convainquent absolument pas» la Russie. «On nous a montré quelques images où il n'y a rien de concret : ni cartes géographiques ni noms, il y a là de nombreuses incohérences, beaucoup de doutes», a déclaré M. Lavrov lors d'une allocution devant le prestigieux institut des relations internationales de Moscou (MGIMO). «Ce que nous ont montré par le passé et plus récemment nos partenaires américains, ainsi que les Britanniques et les Français, ne nous convainc absolument pas», a-t-il ajouté. «Et quand on demande davantage de détails, ils disent que tout est secret et qu'ils ne peuvent pas le montrer», a encore dit M. Lavrov. Par ailleurs, M. Poutine a indiqué que la Russie, principal soutien du régime de Bachar al-Assad, avait suspendu ses livraisons à Damas de batteries sol-air S-300, des systèmes de défense antiaérienne et antimissile perfectionnés équivalents du Patriot américain. «Nous avons un contrat de livraison de S-300, nous avons fourni certains composants, mais nous n'avons pas achevé nos livraisons, nous les avons pour l'instant suspendues», a-t-il déclaré. En juin, il avait affirmé que Moscou n'avait pas «pour l'instant» livré de S-300 à la Syrie pour ne pas «rompre l'équilibre des forces». L'installation d'un tel système de défense sol-air compliquerait tout projet des Etats-Unis ou de leurs alliés de procéder à des frappes ou d'établir une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Syrie. R. I. / Agences