Opinion n L'évasion fiscale prend de l'ampleur mettant sérieusement en péril l'économie nationale, selon le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Les causes de cette érosion sont multiples, à commencer par les charges fiscales jugées excessives par les commerçants. «Trop de fiscalité tue la fiscalité. Il ne faut donc pas s'étonner de voir les commerçants fuir l'impôt», explique Hadj Tahar Boulanouar. Et de poursuivre : «La charge fiscale et l'importance du taux d'imposition exigé sont les deux principaux arguments qu'avance la majorité des opérateurs économiques pour fuir le fisc.» Ces deux facteurs seraient aussi à l'origine du gel de certaines activités productives. En effet, nombreux sont les producteurs qui ont arrêté leur activité initiale pour se convertir à l'importation parce que «plus facile et avec moins de charges fiscales», nous dit Hadj Boulanouar, citant dans ce sillage, le phénomène du commerce informel qui se trouve être «en pleine prolifération». «C'est une concurrence déloyale, crient les commerçants qui voient en ces activités illégales une concurrence insidieuse. D'ailleurs, ils nous le disent crûment et clairement : ceux qui sont dans l'illégalité ne sont soumis à aucune charge fiscale, contrairement à ceux qui activent avec un registre du commerce toujours en règle vis-à-vis des services du fisc. Cette situation pousse beaucoup de commerçants à trouver mille et une parades pour ne pas payer leurs impôts.» A cela s'ajoute l'absence de facturation dans les transactions commerciales qui ne s'arrête pas aux simples détaillants. «La non-facturation commence chez les producteurs et les importateurs, avant même que la marchandise ne quitte le port. Dans de telles situations, il est impossible de connaître la marge bénéficiaire et donc difficile de calculer l'impôt», a-t-il précisé, ajoutant qu'«actuellement, il n'y a aucune traçabilité dans les transactions commerciales». Autre facteur favorisant cette attitude illégale c'est cette utilisation massive de liquidités dans les transactions commerciales. «Ces dysfonctionnements génèrent une évasion fiscale qui dépasserait les 300 milliards de dinars par an comme manque à gagner si l'informel venait à être éradiqué», atteste M. Boulanouar avant de revenir sur cette économie souterraine. Celle-ci est présente partout et là où on s'y attend le moins, selon l'UGCCA. «On la trouve dans l'importation, la distribution, la production avec toutes ces petites fabriques qui demeurent inconnues du fisc, ainsi que des centaines de points de vente informels répartis sur l'espace public». Sur ce point, le porte-parole de l'UGCAA affirme encore que 50 % des pièces détachées vendues sur le marché national passe par le circuit informel. Il en est de même pour le tabac dont plus de 60 % proviennent de ce circuit, ainsi que l'or à 40 % et les vêtements à 30 %. «Il existe une relation très étroite entre la fraude fiscale et le blanchiment d'argent en Algérie. Pour le blanchiment de leurs fortunes, de nombreuses personnes s'adonnent à des activités de terrorisme, au commerce parallèle et aux transactions immobilières. Des sommes faramineuses sont injectées, également, dans l'importation et la commercialisation de la drogue», dénonce, par ailleurs, M. Boulanouar qui recommande, dans le cadre de la lutte contre ce phénomène, la prise de mesures efficaces et adéquates. Entre autres mesures recommandées, la révision à la baisse des charges fiscales, l'utilisation obligatoire de chèques au niveau notamment du fabricant et de l'importateur ainsi qu'une lutte implacable et continue pour l'éradication du commerce informel. A. B.