Rien ne va plus au marché de gros des produits alimentaires d'El-Harrach, dit « marché des trois caves », inauguré en 2010 par le ministre du Commerce. En effet, sur les 112 espaces commerciaux, seuls 15 d'entre eux restent ouverts. Les locataires dénoncent la concurrence déloyale exercée par le marché informel de Semmar. C'est ce qui ressort de la rencontre organisée, hier, dans l'enceinte de ce marché, par l'Association des commerçants-grossistes Al oustakbal. Les membres de cette association, dont Hadj Tahar Boulanouar (porte-parole de l'UGCAA), ont fait l'état des lieux du marché national. M. Boulanouar a indiqué que « la réalisation de nouveaux marchés de gros n'est pas une nécessité, il suffit en premier lieu d'assurer l'activité conformément à la loi dans les marchés déjà existants ». Pour lui, la création des 534 marchés de proximité et 5 nouveaux marchés de gros « n'est qu'un investissement inutile ». Selon ses propos, il existe plus de 500 espaces non exploités au niveau national. La lutte contre les marchés informels doit commencer à la source. « Le marché de Semmar (Alger) est le plus gros marché que les pouvoirs publics doivent fermer en premier lieu avant de passer aux revendeurs à la sauvette », a-t-il soutenu. A l'en croire, plus de 60% des 800 commerçants grossistes de Semmar travaillent au noir. Ce marché de gros, selon M Boulanouar, ne répond à aucune clause des cahiers de charges. Il affirme que ces commerçants achètent leurs marchandises sans facturation, et sont obligés de la revendre sans facturation également. « En vendant sans facture, l ́argent ne va pas au Trésor et tout le monde trouve son compte », dit-il. A ce sujet, l'intervenant estime que la hausse des impôts a poussé quelque 10.000 commerçants à résilier leurs registres du commerce dans la région algéroise avant de rejoindre le secteur informel. M. Boulanouar a indiqué que « ce sont les barrons du marché de Semmar qui ont le monopole des produits agroalimentaires, et ce sont eux qui fixent les prix en jouant sur la pénurie, l'indisponibilité et les menaces de débrayage ». Les neuf conteneurs de riz avarié écoulé dans les différents marchés d'Alger proviennent du marché de Semmar, dit-il. A ce propos, le conférencier a annoncé que l'association Al Moustakbal et l'UGCAA ont déposé une plainte contre l'importateur. Sur ce sujet, le représentant de l'UGCAA a appelé la société civile à protester en organisant des sit-in ou des marches pour revendiquer plus de contrôle sur les produits. Pour conclure, Khiri Saâd, président de l'association Al Moustakbal a indiqué que le wali délégué d'El Harrach a promis la prise en charge des revendications des ces commerçants.