Résumé de la 1re partie Le mausolée de Sidi M?hamed se trouve à Alger, au Hamma, mais on dit aussi que le saint est enterré au Djurdjura, dans son village d'origine... M'hamed Ben Abderrahmane Al-Gachtouli est né vers 1715 en Kabylie, dans la tribu des Aït Smaïl, au c?ur du Djurdjura. Son nom ethnique, al-Gachtouli, provient du nom de la confédération de tribu, les Gachtoula, en kabyle, Igechtoulène, à laquelle appartenaient les Aït Ismaël. Le saint homme était également appelé al-Azhari, par référence à la célèbre université égyptienne al-Azhar où il avait fait des études. M?hamed appartenait à une vieille famille de marabouts, reconnue dans toute la Kabylie. Le jeune garçon fait ses premières études dans une zaouïa locale, apprenant l'écriture, la lecture, des rudiments de grammaire et de calcul. Les maîtres locaux l?initient également aux sciences religieuses et au mysticisme, le tasawwuf. Au Caire, il a des maîtres prestigieux, tel le cheikh Ibn Salim Al-H'ahnaoui, qui était alors le maître de la confrérie des Khalwatiya. Le même cheikh va l'affilier à son ordre et, le jugeant suffisamment instruit, il l'envoie au Soudan faire de la propagande pour la secte. On ne sait presque rien de ce séjour, sinon que M'hamed a contribué à l'islamisation de tribus africaines, encore païennes ou insuffisamment islamisées. Son absence va durer près d'une trentaine d'années, et quand M'hamed revient en Algérie, c'est un homme mûr et savant. lI va d'abord aux Aït Smaïl, en Kabylie, avec l'intention de faire école. Il a une si grande audience que les marabouts de la région, outrés qu'il leur fasse ombrage, l'obligent à partir. Il se rend à Alger et s'installe dans une petite mosquée du Hamma, quartier qui a conservé, jusque de nos jours, ce nom et qui devait, plus tard, abriter son mausolée. Sa doctrine, dérive de la khalwatiyya, lui attire beaucoup de monde, comme aux Aït Smaïl. Il concurrence fortement une autre école mystique, les T'ayyibiya, installée pourtant depuis longtemps dans la ville. Sidi M'hamed prétend agir sur le conseil de rêves et de visions. ll avait aussi, comme beaucoup de mystiques, des prémonitions qui faisaient l?admiration des foules. C'est lui qui, au dire de ses biographes, a installé le danbîl ou marché aux intercessions. Quiconque voulait obtenir quelque chose, biens matériels ou pardon de Dieu, avait la possibilité d'accepter son intercession. L'argent ainsi collecté était utilisé pour fonder des établissements pieux, des écoles et entretenir les démunis. Voici une anecdote citée par l'islamisant français J. Berque : «J'étais un jour avec lui, rapporte un témoin, entre le Hamma d'Alger et l'embouchure de l'oued El-Harrach, quand accourut vers nous un vieillard kabyle. Il me demanda : ?Qui est-ce ? ? Le cheikh Ibn Abderrahmane.? Alors, il se précipita pour le saluer, puis revient vers moi et me dit : ??Demande-lui de me vendre la gérance de Sidi Abdelkader !?? Or la coutume était que ne la prennent en charge que les vieillards turcs. Mais le vieillard insista tant que la demande fut faite à Sidi M'hamed. ll accepta de lui vendre la gérance. Le vieillard proposa trois sultanis (pièces d'or), le mystique demanda plus. Finalement, le marché fut conclu et la gérance du sanctuaire, réservée aux Turcs, passa ainsi aux mains d'un Algérien.» (à suivre...)