Image n La kouba de Sidi Fredj a subi le même sort que Sidi Zouaoui, les envahisseurs français l'ont démolie. Les Algériens, notamment ceux qui habitent Alger et ses environs, connaissent Sidi Fredj : une belle plage de sable fin, à moins de trente kilomètres de la capitale. La station balnéaire est connue des touristes étrangers attirés par la côte turquoise. Les gens de la mer connaissent le port de plaisance où peuvent accoster plusieurs dizaines de bateaux de différentes dimensions. Pour les passionnés d'histoire, Sidi Fredj rappelle un triste événement national : c'est là, le 14 juin 1830, en effet, dans la presqu'île de Sidi Fredj, qu'a débarqué, sous le commandement du général de Bourmont, l'armée française. C'est de là que les envahisseurs iront à la conquête d'Alger qui tombera un certain 5 juillet. Cent douze ans plus tard, le 8 novembre 1942, les troupes américaines débarquaient à leur tour, au même endroit, prélude à une guerre totale contre l'Allemagne nazie. Tous ces événements se rattachent à Sidi Fredj et on peut le lire dans les livres d'histoire. Ceux qui s'interrogent sur le nom de ce joli endroit, comprennent tout de suite que le nom qu'il porte, Sidi Fredj (déformé par les Français en Sidi Ferruch), est certainement celui d'un saint homme, ainsi que l'indique la particule «sidi», appliquée aux grands hommes, notamment aux religieux et aux saints. Mais quand on demande qui est ce Sidi Fredj, la plupart vous répondent : «On l'a oublié !» Il est vrai que pour se souvenir des saints, il faut disposer de traces tangibles de leur passage et la trace du saint est son mausolée ou du moins sa tombe. Sidi Abderrahmane, le saint patron d'Alger, a son mausolée au cœur même de la Casbah et il n'y a pas d'Algérois qui ne soient passés devant son maqam, voire ne l'a visité au moins une fois dans sa vie. Sidi Mhammed Boukobrine a même deux tombes : une au Hamma d'Alger où il a longtemps vécu et enseigné et l'autre aux Aït Smaïl (dans la région de Boghni), dans le Djurdjura où il est né et a passé son enfance. Si le souvenir de certains saints est toujours vivant, c'est justement parce que leur tombe ou leur mausolée est resté. A Alger, on ne connaît plus grand-chose de Sidi Helal, surnommé Boulmezbara, l'homme à la hache, mais on connaît son petit mausolée, situé derrière le lycée Abdelkader. Il y a quelques décennies encore, il recevait la visite de femmes qui venaient répandre du sel à l'intérieur du sanctuaire. Mais qui se rappelle Sidi Zouaoui, dont le mausolée se trouvait au niveau de la rue Ben Mhidi et qui a été rasé lors du percement de la rue d'Isly ? Plus personne ! La kouba de Sidi Fredj a subi le même sort que Sidi Zouaoui, les envahisseurs français l'ont démolie. Les visites, qui avaient lieu autrefois au mausolée et qui revêtaient une grande solennité, ont été, de ce fait, interdites. Jusqu'au nom du saint homme qui a été déformé en Sidi Ferruch. Le véritable nom ne sera rétabli qu'à l'indépendance qui, rappelons-le, eut lieu un 5 Juillet. Le temps est venu aussi de faire connaître cet homme qui était l'un des saints les plus connus de la côte ouest d'Alger. (à suivre...)