Résumé de la 123e partie - Marcelle suggère à Christiane de consulter le Dr Schenck qui, selon elle, fait des miracles. Elle se propose même d'aller à Paris pour lui prendre rendez-vous... J'ai un train de nuit et, dès demain matin, je verrai le docteur Schenck auquel j'expliquerai votre cas et à qui je montrerai vos radios. Je reviendrai dans la soirée et je serai après-demain matin ici après avoir tout organisé. A mon avis il faudra que vous partiez aussitôt pour que le traitement puisse commencer avant la fin de la semaine. — Que dira Denys ? — C'est à vous seule de savoir si vous devez lui avouer la vérité ou pas ! Jusqu'à présent nous avions décidé de conserver jalousement notre secret... Je crains simplement que le docteur Fortier ne m'en veuille ter-riblement de m'être substituée à lui pour vous sauver... Et vous-même tenez-vous tant que cela à ce qu'il connaisse la nature exacte de votre mal ? Ne préférez-vous pas disparaître pendant quelque temps et lui revenir radieuse, complètement guérie ? Ce sera alors que vous pourrez lui dire ce que vous avez eu ! Je sais que vous l'aimez, je sens surtout qu'il vous adore, que vous serez bientôt sa compagne... Ne craignez-vous pas que la vision hideuse du cancer ne se dresse un jour dans son esprit, entre vous et lui ? Voilà tout le problème, ma petite Christiane ! Vous seule pouvez le résoudre. Ou vous avez confiance en moi, ou vous ne l'avez pas : ce que j'excuserais très bien et, dans ce cas, adressez-vous à la Médecine officielle ! Mais sachez - et je terminerai par là - que je n'ai agi vis-à-vis de vous que comme une grande sœur aînée qui veut sauver à tout prix sa cadette. Je vous jure, sur la tête de mon admirable père qui fut lui aussi un grand savant, que si je pouvais me substituer à vous pour prendre votre mal, je le ferais ! Je n'ai plus rien à attendre de la vie, moi ! Je suis seule au monde, j'ai joué comme j'ai pu mon rôle social et je n'ai pas comme vous l'amour qui est la plus belle raison de vivre...» Voilà ce que son hypocrisie a dû dire ce matin-là. Et ma pauvre Christiane a tout cru ! Elle lui a renouvelé une fois de plus sa confiance. Ensuite ce ne fut plus qu'un jeu puéril pour Marcelle Davois de mettre debout en quelques heures ce qu'elle faisait apparaître comme un sauvetage in extremis ! Quand je la retrouvai à une heure pour le déjeuner, elle eut l'aplomb de me dire : «-Docteur, maintenant que je suis certaine qu'il n'y a plus la moindre inquiétude à avoir au sujet de Mme Triel, je vais vous demander une faveur... M'autorisez-vous à prendre ce soir le train pour Paris ? Je reviendrai demain soir. Vous savez, docteur, à quel point j'ai le culte de mes chers parents. Tous les ans j'allais fleurir leur tombe le 2 novembre au Père-Lachaise. Je n'ai pas pu le faire cette année, étant retenue par les soins à donner à Mme Triel. Je voudrais tant accomplir ce pèlerinage filial demain, si vous n'y voyez pas d'inconvénient. » (A suivre...)