Inédit - Avec un groupe d'Algériens, une chorale polyphonique voit le jour pour la première fois. Mezian H'med est un choriste ténor activant au sein de la chorale de l'Orchestre symphonique national. «Je suis un ancien choriste actuellement, je peux dire que je suis le doyen des choristes, puisque je suis toujours en activité. Ma carrière se résume à 40 ans de chorale», raconte-t-il. «La première chorale est née au début des années 1970, moi j'en ai fait partie en 1974, elle s'appelait Chorale polyphonique d'Alger. L'idée de créer une chorale est venue d'un Français, un coopérant travaillant au ministère de l'Agriculture», se souvient-il. Avec un groupe d'Algériens, une Chorale polyphonique voit donc le jour pour la première fois. «Parmi eux, il y avait une personnalité comme Hamzi Boubeker (chanteur et plasticien) à qui je rends hommage. Actuellement, il vit en Belgique où il se livre entièrement à sa passion, la peinture.» Une fois créée, la Chorale polyphonique d'Alger n'arrêtait pas d'activer, offrant, à chaque occasion, des prestations inédites au public algérien. Notons que des noms de la chanson algérienne, des noms illustres, à l'exemple de Nerdjess et Nadia Benyoucef, ont fait partie de cette chorale. Après le départ du Français, il y a eu une continuation. Plus tard, même si la Chorale polyphonique d'Alger a cessé d'exister, la culture des chœurs s'est désormais installée dans le paysage culturel algérien, notamment avec la création de Naghem, une autre chorale dirigée par Rabah Kadhem. «L'objectif de Naghem, qui est aussi une association à but culturel, est de promouvoir ce type de culture, en encourageant la création d'autres chorales en Algérie», précise Mezian H'med, pour qui il n'y a pas vraiment une culture favorisant le développement des chorales. «En Europe, par exemple, il y a une chorale dans chaque village. Cela favorise les compétences, encourage les talents et nourrit la création musicale», dit-il. Actuellement, il y a trois chorales à Alger. Ce sont Naghem, celle de l'Orchestre symphonique national et Ebène, une chorale créée en 2009, à l'occasion de la tenue du 2e Festival culturel panafricain (Alger). Même si l'environnement n'est pas encore favorable à un essor des chorales, il n'en demeure pas moins qu'il existe un engouement pour le chant, un public qui apprécie ce genre de performance. «L'on peut dire qu'il y a une tradition, mais elle n'est pas récente, elle est en construction. Elle se développe», explique, de son côté, Aziz Hamouli, chef de chœur de la chorale de l'Orchestre symphonique national. «Mais la tradition de chant d'ensemble vocal existe bien en Algérie», soutient-il. Pour étayer ses propos, il livre des exemples, à l'image des ensembles de chants arabo-andalous. Toutefois, il avoue que la différence réside dans le fait que «ces interprètes vocaux chantent à l'unisson. Tout le monde chante la même chose. Or, dans le chant d'opéra, on chante à plusieurs voix.» Et d'expliquer : «La chorale est une forme musicale, donc un chant à part entière.» - S'exprimant sur la chorale de l'Orchestre symphonique national, Aziz Hamouli dit : «L'on ne peut dissocier cet ensemble vocal de l'Orchestre symphonique national. Car c'est quelque chose d'important. Pour être au niveau de la norme internationale, l'on doit s'aligner sur les grands orchestres de renommée mondiale et les grands ensembles vocaux. Ensuite, on doit préparer une nouvelle génération de choristes, d'interprètes vocaux, pour qu'il y ait une relève sinon il va y avoir encore un fossé entre les générations. On travaille, pour ainsi dire, dans un esprit de continuité afin d'assurer une relève, pour multiplier les expériences, développer les talents, renforcer et faire perdurer la tradition des chœurs, c'est donc afin de créer d'autres collectifs vocaux.» La composition de la chorale de l'orchestre symphonique national se présente comme suit : il y a les étudiants de l'Institut national supérieur de musique. Cela dit, ces derniers ont une formation et un acquis dans ce domaine. Et il y a les autres : ceux qui participent pour le plaisir, mais qui n'ont pas fait d'études spécialisées en chant ou en musique. En d'autres termes, être choriste n'est pas un métier, mais plutôt une passion. Toutefois, Aziz Hamouli assure qu'un travail est en train de se faire – l'appel a été d'ailleurs lancé à l'attention des instances concernées, à savoir le ministère de la Culture – pour reconnaître la pratique de choriste comme profession et lui conférer un statut.