Résumé de la 126e partie - Quand le Dr Schenck reproche à Marcelle de ne pas être revenue le voir, cette dernière lui répond : «Parce que je vous tiens comme l'un des plus authentiques charlatans de notre époque...» Ma seule consolation est que vous n'ayez pas cru davantage dans les soi-disant bienfaits de la médecine officielle ! Auriez-vous par hasard, tenté un autre traitement ?» «Ne vous inquiétez plus pour moi ! Si je suis de nouveau ici, c'est pour vous annoncer la visite d'une cliente.» Mon interlocuteur parut cette fois très surpris : - «Si je comprends bien, mademoiselle je ne vous inspire pas confiance pour vous mais pour les autres ?» «Ce n'est pas tout à fait exact, docteur ! Si j'ai conseillé à cette dame de venir vous trouver sans tarder, c'est simplement que je vous sais parfaitement incapable de la guérir.» - «Je ne comprends pas très bien.» «Mme Triel, c'est la jeune femme en question, est convaincue d'avoir un cancer du poumon alors qu'en réalité elle n'a qu'un voile à la suite d'une regrettable promenade sous la pluie.. Je vous avoue avoir quelque peu contribué à lui mettre en tête cette idée de cancer : ça m'arrange et facilite un plan qui ne regarde que moi... Vous n'avez pas beaucoup de scrupules docteur ? Moi non plus ! J'ai donc pensé, après avoir semé adroitement cette idée de mal imaginaire, que si j'orientais Mme Triel sur ce que vous appelez, avec une pointe certaine de mépris, «la médecine officielle», on ne manquerait pas de lui faire passer des radios qui lui prouveraient qu'elle n'est absolument pas atteinte par le cancer : ce qui bouleverserait mon plan. Si, au contraire, je vous adresse cette dame, j'ai tout lieu d'espérer que vous serez enchanté ! Réfléchissez docteur : c'est le type même de la cliente idéale pour vous... Vous lui vendez pendant un certain temps - au moins une année, je l'exige ! - vos boîtes d'ampoules inutiles en la maintenant bien dans l'idée qu'elle ne sera complètement guérie qu'après quatre séries de douze, à raison d'une par semaine... Au bout de l'année, vous lui annoncez triomphalement qu'elle est guérie ! Au besoin même vous lui faites passer alors une radio qui lui prouve qu'elle n'a absolument rien ! Quel triomphe pour vous ! Quelle réclame aussi ! C'est une personne très en vue et très riche qui peut asseoir définitivement votre réputation d'homme miraculeux... et ceci sans que vous couriez le moindre risque ! Qu'en pensez-vous, cher docteur Schenck ?» - «Je ne me prêterai jamais à une pareille manœuvre !» - «Vous devriez savoir, depuis le temps que vous habitez notre pays, quoique vous ne soyez pas Français, que le mot jamais ne s'emploie pas chez nous ! Et vous ferez ce que je vous dis, docteur Schenck ! Sinon je vous dénonce immédiatement à la police et au Conseil de l'ordre des médecins pour exercice illégal de la profession... N'avez-vous pas l'impression qu'une plainte portée par une infirmière diplômée ayant travaillé pendant des années à Villejuif, risquerait d'entraîner pour vous les plus regrettables répercussions ?» (A suivre...)