Faille - Les dispositions réglementaires pour le recyclage des déchets de l'industrie agroalimentaire n'existent pas, car l'Algérie ne s'est jamais dotée d'une politique environnementale. C'est ce qu'a affirmé hier, au siège de l'Union générale des commerçants, Akli Moussouni, expert en développement et ingénieur en agronomie. Invité à la rencontre débat ayant pour thème «Politiques environnementales et implication des déchets dans l'économie», cet expert a déclaré que l'Algérie produit environ 6 millions de tonnes de déchets ménagers par an (soit 12 à 15 000 tonnes par jour), dont seulement 5 % sont récupérés. Outre la pollution des nappes et des réservoirs d'eau dont l'opération de dépollution doit coûter 3 à 4 % du PIB, l'expert confirme que le contexte environnemental de l'Algérie est une menace sérieuse pour l'économie, car il ne permet pas le développement propre et durable des filières sensibles, telles que le tourisme. En outre, il assure que les déchets organiques sont largement considérés comme une source de pollution et comme une menace pour l'environnement et la santé publique. Ils augmentent en quantité avec l'accroissement démographique. Et pour étayer ses dires, l'intervenant fait une comparaison entre la quantité rejetée par un Européen qui varie, selon lui, entre 600 et 700 kg par an, et la quantité rejetée par un tiers-mondiste qui est estimée entre 150 et 200 kg, selon sa nocivité et sa composition. Mais paradoxalement, l'Européen récupère plus de 60 % de ses déchets dangereux, alors que dans les pays du tiers-monde, seule une quantité infime est récupérée. Akli Moussouni précise que ces déchets, une fois rejetés dans la nature sans traitement préalable, risquent de contaminer les nappes phréatiques et par conséquent infecter l'eau et la végétation, affectant ainsi l'équilibre écologique. Il en est de même pour la faune et la flore. Notre expert ne pense pas que les deux décrets (06-141 du 19 avril 2006 sur les effluents liquides industriels et 06-104 du 28 février 2006) portant nomenclature des déchets, ainsi que la loi 01-19 du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et l'élimination du déchet, suffisent pour une meilleure protection de l'environnement. Selon lui, la réglementation se résume à un ensemble de mesures locales des wilayas, contre-productives, inopérantes et inconnues. C'est pourquoi, il est urgent, estime l'ingénieur agronome, d'engager des solutions efficaces dans le souci de sauvegarder les équilibres environnementaux et la santé publique. Quant à Boulenouar El Hadj Tahar, porte-parole de l'UGCAA, il a déclaré qu'il allait remettre avant la fin de ce mois à Abdemalek Sellal, Premier ministre, et Dalila Boudjemma, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, un rapport détaillé sur la situation du recyclage dans le pays. Seront jointes à ce rapport des recommandations d'associations et experts activant dans le domaine écologique.