Alger Le tribunal de Sidi M?hamed, près la cour d?Alger, rend son verdict à propos d?une vengeance, en ce début de juin. Dans le box des accusés, O. S., 38 ans, a du mal à affronter le regard de l?assistance, honteux, probablement, d?avoir commis un acte absurde généré par une incommensurable haine qu?il nourrissait envers son frère depuis quelques années. O. S. doit, en effet, répondre d?un acte qui a causé un dégât matériel important à son jeune frère. ? Pourquoi avez-vous mis le feu au domicile de votre propre frère ? ? Depuis trois ans, nous sommes en conflit, mon frère et moi. Il ne ratait aucune occasion de m?humilier en public. Il m?insultait aussi au vu et au su de tout le monde. J?ai supporté cette situation? ? Et à force de supporter, vous avez décidé d?incendier son appartement ! ? M. le président, j?étais fou de rage au moment des faits? Aveuglé par la colère et révolté d?avoir eu à subir pendant si longtemps humiliations et insultes ! ? Comment avez-vous donc procédé ? ? J?ai acheté cinq litres d?essence dans une station-service d?El-Harrach, puis je me suis rendu au domicile de mon frère, absent ce jour-là, et j?y ai mis le feu? ? Avez-vous regretté votre geste ? ? Oui, beaucoup? Je me suis rendu compte que, dans mon désir de vengeance, j?étais allé trop loin. La colère m?a fait faire des choses dont je ne me savais pas capable? ? Pourquoi n?avez-vous pas éteint le feu, alors ? ? Parce qu?il était trop tard, M. le président. Très peiné, l?accusé a du mal à contenir ses larmes, jetant un regard furtif en direction de son frère. «J?ai agi sous le coup de la colère. Je sais que j?ai causé beaucoup de dégâts matériels à mon frère, mais je prie la cour de me pardonner un acte irréfléchi et impulsif.» Le représentant du ministère public prend la parole, pointant un doigt accusateur en direction de l?accusé : «Cet homme ne mérite aucune indulgence de la cour? Il a prémédité et exécuté un acte qui a causé beaucoup de dégâts à la victime, qui n?est autre que son propre frère. Je requiers une peine de 20 ans de prison ferme à son encontre et il n?aura que ce qu?il mérite car, même sous l?emprise de la colère, personne n?a le droit de commettre un acte aussi odieux.» L?avocat de la défense insiste, quant à lui, sur l?impulsivité de son client : «Un différend l?opposait à son frère depuis trois longues années durant lesquelles il a subi insultes, provocations et humiliations sans broncher. La colère l?a poussé à commettre un acte certes grave, mais il mérite de larges circonstances atténuantes.» La cour se retire afin de délibérer et rend enfin son verdict : O. S., repris de justice, est condamné à dix ans de réclusion criminelle pour incendie volontaire.