Alger Dimanche 11 juillet 2004. Le tribunal criminel prononce son jugement à l?encontre de cinq personnes impliquées dans un assassinat. Dans le box des accusés, chacun des cinq mis en cause donne sa version des faits, rejetant la faute sur l?autre : «Moi, je n?y suis pour rien, je suis innocent, M. le président? C?est lui qui a tué !» Le procès se déroule ainsi dans un climat de suspicion, pendant des heures qui semblent interminables par cette chaude journée de juillet? Un crime, une victime et cinq jeunes qui s?accusent mutuellement sans vergogne? Et voilà que le procureur général s?emporte : «Puisque c?est ainsi, je requiers la perpétuité à l?encontre des cinq mis en cause? L?acte commis est grave. Il y a eu meurtre, et j?interpelle la cour, la priant de ne faire état d?aucune clémence.» Les faits remontent à décembre 2002, vers 20h, dans le paisible quartier de Dergana. M?hamed B., la victime, et Mohamed Amine M. se disputent, comme cela arrive si souvent dans les quartiers populaires. La rage au c?ur, Mohamed Amine M. joint par téléphone son frère aîné, Mustapha M. : «Je voudrais que tu viennes tout de suite, un jeune homme s?en est pris à moi et m?a humilié en public.» Un quart d?heure après, Mustapha M., accompagné de trois amis, Rachid K., Mohamed M. et Ibrahim B., arrive sur les lieux. «Où est cette ordure qui a osé t?humilier ?» Med Amine M. pointe son doigt en direction d?une cafétéria : «Le voilà.» Et c?est ainsi que les membres du groupe, avides de vengeance, accèdent au café et agressent le jeune M?hamed B. Après l?avoir roué de coups, voilà que l?un des malfaiteurs sort un couteau et lui assène un coup violent au thorax et à l?abdomen. Le groupe, qui prend la fuite en abandonnant le malheureux dans une mare de sang, sera immédiatement arrêté par les services de sécurité. Evacuée vers les urgences de l?hôpital, la victime, malgré une intervention chirurgicale, décède de ses blessures. La défense demande la requalification du chef d?accusation en coups et blessures ayant entraîné la mort sans l?intention de la donner. Au terme des délibérations, le verdict est rendu : Rachid K. est condamné à 3 ans de prison, les deux frères Mohamed Amine et Mustapha M. écopent d?une peine de 4 ans, alors que Mohamed B. et Ibrahim B. sont condamnés à 1 an de prison avec sursis !