La vie populaire n?est pas le moindre des charmes d?Oran. Dans la foule des marchés de M?dina J?dida, bruyante, colorée, ergoteuse, passionnée, il est assez merveilleux de se laisser emporter, comme au fil d?une eau capricieuse. Ce quartier antique de la capitale de l?Ouest porte cependant mal son nom. Aucune apparence de neuf ni de très soigné, tant les règles d?hygiène les plus élémentaires sont foulées aux pieds. Pas question non plus d?architecture avant-gardiste ou d?espaces inexploités. Quand on entre à M?dina J?dida, on peut aussi faire son marché, l?ancienne bâtisse abrite les légumes et les viandes au rez-de chaussée, mais l?étalage est encore investi par la fringue, pas toujours de meilleur goût d?ailleurs. Mais quelle que soit la qualité du produit exposé, l?accueil est toujours convivial et plein de disponibilité. Le premier noyau de la ville nouvelle est resté intact, il existe autour du marché un alignement de petites boutiques en béton, profondes et odorantes, qui exhibent généralement les produits du terroir et l?artisanat. A l?opposé du marché couvert, deux ou trois ruelles spécialisées dans le folklore et l?occultisme : fioles miraculeuses, poudre de perlimpinpin? le service après-vente est, paraît-il, assuré ! Couleurs, odeurs, fruits et mouvements sont la respiration de ce quartier, un microespace révélateur dans lequel on crie, on rit, on mange, on boit et on évolue à l?aise dans la bonne humeur. Cour des miracles aussi, malgré sa conception claire et géométrique. M?dina j?dida est le nombril d?Oran : ses pulsions transitent nécessairement par elle et lui reviennent comme la circulation sanguine du c?ur humain.