Le pouvoir d'achat des citoyens ne devrait pas être affecté par la dépréciation du dinar, a assuré le ministre des Finances ce matin. L'Etat prendrait, en effet, en charge le différentiel induit par cette dévalorisation. Du moins en ce qui concerne les produits alimentaires subventionnés. Djoudi s'est même montré confiant suite à la légère appréciation qu'a connue le dinar par rapport à l'euro ces derniers jours, passant de 113 à 109. Cette dépréciation induira un renchérissement des prix des biens d'équipements pour les industriels. Ce qui devrait provoquer par conséquent une augmentation des prix des autres produits, selon de nombreux analystes. Une réflexion réfutée par le ministre des Finances ce mercredi matin sur les ondes de la chaîne III. Pour Karim Djoudi, «les produits alimentaires sont soutenus par l'Etat s'il y a dépréciation cela serait une charge supplémentaire pour l'Etat. Il va devoir payer un différentiel au titre de la compensation des prix, plus important. C'est une charge budgétaire additionnelle». Il reconnaît néanmoins que «sur les importations d'équipement, il peut y avoir un impact mais pas dans l'immédiat. Cela s'inscrira dans le temps. Effectivement, la dépréciation peut jouer sur l'inflation des équipements». Ce qui ne manquera pas naturellement de se répercuter sur la production réalisée, ajoute le ministre trouvant néanmoins quelques avantages à cette dépréciation. Celle-ci devrait «améliorer les recettes pétrolières en dinars», selon Djoudi. La question de l'inflation relève de «la politique de change et elle est du ressort de la Banque centrale», a précisé, par ailleurs, Djoudi. Il affirme que «nous avons un marché de change où il y a une offre et une demande de devise et la Banque centrale intervient sur ce marché en tant que régulateur avec comme objectif de prendre en charge les risques de choc externe et un objectif de taux de change effectif car il prend en considération le différentiel d'inflation par apport à nos principaux partenaires commerciaux». Une analyse contestée par de nombreux observateurs pour lesquels la dépréciation de dinars dénote de la non-maîtrise de l'inflation. Mais aussi de la forte masse monétaire en circulation dans le circuit informel mal absorbé par les institutions financières de l'Etat. Djoudi répond à cette thèse en avançant certains chiffres qui font office de la réduction de l'inflation depuis 2012. «Le taux de change euro-dinar est passé de 113 à 109 ces dix derniers jours», a-t-il dit sans souffler mot sur la légère remontée du dollar contre l'euro qui pourrait expliquer cette légère appréciation. Djoudi dit, dans le même ordre d'idées, tabler sur un taux d'inflation de 4 % à la fin de l'année, avant de tenter de convaincre les auditeurs de l'absence d'impact de l'inflation de la masse monétaire en circulation. Celle-ci serait sans «impact immédiat sur le taux de change», selon le ministre. «Ce qui a un impact c'est la liquidité qu'il y a dans l'économie et la demande d'achat ou de vente de devise consécutive à des opérations sur le commerce extérieur», ajoute-t-il en assurant que cette dépréciation ne traduit pas une volonté des pouvoirs publics de limiter les importations.