La pièce théâtrale Les ancêtres redoublent de férocité, écrite par Kateb Yacine dans les années soixante et produite par le Théâtre régional de Sidi Bel Abbes, a épaté le public tlemcénien qui a longuement ovationné les quatorze jeunes artistes distribués dans ce travail. Fidèle à l'esprit de Kateb Yacine, auteur de ce classique du 4e art national, le metteur en scène Mohamed Frimahdi a réussi le montage d'un spectacle évoquant un passé où s'entremêlent guerre, amour, mort, exigence des ancêtres et enfin la question de la libération du pays. Mêlant tragédie et épopée, cette pièce qui relate les péripéties de la Guerre de Libération nationale, symbolisée par l'inaccessible Nedjma, femme désirée faisant l'objet de toutes les convoitises. Les événements se déroulent et s'enchaînent dans cette pièce. Les tableaux se succèdent : l'évasion de Hassan et Mustapha, l'exécution du traître, la recherche de Nedjma, jalousement surveillée par un vautour, ainsi que les rapports conflictuels qu'entretiennent les personnages pour la possession de Nedjma, avec l'omniprésence de la mort. Les comédiens recourent à la fois à l'arabe classique et dialectal avec parfois des notes humoristiques qui «cassent» l'atmosphère dramatique de l'œuvre katébienne. La pièce est jouée dans une scène nue sans décor mettant en valeur le jeu des comédiens, qui, malgré leur jeunesse, ont montré de grandes capacités et fait preuve des talents avérés. Le Théâtre régional de Sidi Bel Abbes, à travers cette production, poursuit le défrichement et «la mise à jour» de l'œuvre de Kateb Yacine, une œuvre qui transcende le temps et les conjonctures. Après Ghabret lafhma (La poudre d'intelligence) et Chadhaya (Fragments), voilà le Théâtre régional de Sidi Bel Abbes qui revient avec Les ancêtres redoublent de férocité, un spectacle complet où costumes, musique, mise en scène, jeu d'acteurs ont été soigneusement combinés au grand bonheur des férus du 4e art.